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« Haute qualité environnementale », « Bâtiment basse consommation » : un simple tampon ou un changement réel ?

L’écho qu’a rencontré l’étude « Les immeubles de bureaux verts tiennent-ils leurs promesses ? », que j’ai réalisée récemment pour le CSTB et CERTIVEA, est intéressant.

Les résultats de cette étude, centrée notamment sur les consommations réelles des immeubles et la certification « HQE® Exploitation », qui met en place les bases d’une coopération inédite entre investisseur, utilisateur et exploitant, ont été assez largement repris par la presse et les sites Web spécialisés. Trois grandes foncières de la place m’ont demandé d’exposer mon point de vue à leur direction ou dans leur rapport sur le développement durable.

L’une d’entre elles avait déjà pris un engagement ambitieux dans l’esprit de l’étude évoquée : une baisse de 40 % des consommations réelles d’énergie, mesurées en KWh d’énergie primaire par m² et par an, sur l’ensemble de son parc, entre 2008 et 2016, avec un objectif intermédiaire de moins 23 % d’ici 2012.

Un institut rassemblant des propriétaires et gestionnaires d’immobilier de tous secteurs me demande d’intervenir en juin sur le thème « Comment progresser vers des consommations réelles bien maîtrisées ? », le mot « réelles » étant souligné par les organisateurs du colloque.
Nous sommes là sur les vrais enjeux. En effet, des professionnels de plus en plus nombreux souhaitent que leurs constructions ou leurs rénovations soient certifiées HQE® ou BBC Effinergie®. Leurs motivations sont diverses : répondre aux souhaits d’une collectivité locale ou d’actionnaires ou des médias… Mais combien connaissent, notamment parmi les investisseurs, les 14 cibles HQE® ou la performance énergétique attendue de leur immeuble BBC Effinergie® ?
Pour nombre d’entre eux, il faut avant tout obtenir le tampon HQE® ou BBC®. Peu importe l’ivresse, pourvu qu’on ait le flacon !

Mais la prise de conscience de la nécessité d’un changement réel progresse. Certains mesurent les consommations après usage et comparent avec les consommations conventionnelles prévues. La performance énergétique ne fait pas oublier les fondamentaux, qualité d’usage et qualité de la desserte en transports en commun, qui sont les véritables raisons d’être de l’immobilier « vert » de qualité. La facilité d’exploitation et de maintenance est moins négligée. Dans le tertiaire, les premières annexes environnementales au bail mettent en évidence l’importance du comportement des utilisateurs pour l’atteinte de performances réelles élevées. Les contrats d’exploitation performanciels portent bien entendu sur les consommations réelles. Ces contrats commencent à être utilisés pour convaincre les investisseurs : le lien entre performances réelles et valeur de l’immeuble est probable.

Si notre modeste étude a contribué à ce mouvement vers l’immobilier durable réel, elle n’aura pas été inutile.

Jean Carassus, consultant, professeur à l’Ecole des Ponts ParisTech, créateur du Blog de l’Immobilier Durable : www.immobilierdurable.eu.

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