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L’éternel scandale du 1% logement

OUF ! Benoist Apparu, dans sa grande mansuétude, vient d’abaisser légèrement la ponction de l’Etat sur Action Logement (ex-1% logement) : 3,25 Mds€ au lieu des 3,4 Mds€ initialement prévus. « A aucun moment, Action Logement ne se retrouvera en négatif de trésorerie », assure-t-il à l’AFP. Faux, rétorquent patronat et syndicats. Jean-Paul Guillon, président du conseil de surveillance de l’UESL (Union des entreprises et des salariés pour le logement), estime que le « nouveau plan du gouvernement menace la construction de 70 000 logements sociaux sur trois ans ». Action Logement affirme, de son côté, ne pas pouvoir assurer son engagement de financer 45 000 logements ou hébergements pour les jeunes. Car, dans le même temps, le niveau des ressources du 1% logement faiblit, avec 3,6 Mds€ de collecte et de retour de prêts prévus en 2011. « A cause de ces prélèvements, le 1% logement a déjà été obligé de réduire ses actions en faveur des salariés, de 1 million de bénéficiaires en 2006 à 632 000 en 2010 », rappelle le Medef Ile-de-France. Si l’on voulait gripper à jamais ce qui devait être un rouage essentiel de la mobilité professionnelle, on ne s’y prendrait pas mieux.

Derrière le petit geste du secrétaire d’Etat au logement, c’est une longue tradition de prélèvement que l’on perpétue sur ce régime, initié par les entreprises et institué en 1953 pour résoudre les problèmes de logement des salariés. Le 1% logement, devenu le 0,45% en 1992 à la suite d’une budgétisation, a toujours subi la défiance du ministère des Finances, peu à l’aise avec des régimes paritaires. Il paye également ses multiples scandales : Ocil, Cilrif, Le Refuge, Habitation Française, Aidologement ont animé les chroniques judiciaires des gazettes. Le « détournement » du 1% logement de son objet initial ne serait être l’apanage exclusif de l’Etat…

Au final, le 1% logement apparaît comme une rustine de plus dans la politique du logement. Laquelle est en faillite à tous les étages. Au rez-de-chaussée, le logement d’urgence est dans une impasse. La démission de Xavier Emmanuelli de la présidence du Samu social est le symbole du désengagement de l’Etat. Le logement social peine plus que jamais à répondre à la demande toujours croissante. Les classes moyennes, faute d’offre adéquate, restent cantonnées dans les faubourgs, pour ne pas dire les banlieues. Habiter Paris intra-muros devient presque un signe extérieur de richesse ! Et le silence de l’Etat est assourdissant en la matière en dépit des appels du pied pour faire revenir les investisseurs institutionnels sur le logement intermédiaire. A la vue de ce gâchis, la mort lente du 1% logement n’est qu’un épiphénomène.

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