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La rigueur « saisit » l’immobilier

« Coup de massue ». « Grave erreur ». « Insupportable ». Les réactions des organisations professionnelles immobilières au plan de rigueur annoncé par François Fillon sont virulentes, à l’image de la peur qui saisit leurs adhérents. Il faut reconnaître que le Premier Ministre a non seulement frappé fort, mais il a aussi touché par surprise.

On attendait une augmentation de quelques points de la TVA sur la rénovation des logements, histoire de faire passer la pilule sur celle de la restauration. On l’a eu, avec 1,5 point de hausse. En dépit du discours alarmiste de la Capeb, le secteur ne devrait pas s’en trouver déséquilibré.

Il n’en va pas de même pour les autres segments de l’immobilier. A commencer par le logement neuf. Les promoteurs pensaient avoir le dispositif fiscal qui les a sortis du trou noir après la crise de 2008 au prix d’un rabot sévère, mais tolérable. Matignon en a décidé autrement. Le Scellier est raboté à un taux de 13 % dès 2012 et s’éteindra à la fin de l’année prochaine. Le dispositif paye cette impression d’effet d’aubaine, amplifiée par des méthodes de commercialisation axées uniquement sur la défiscalisation. A trop s’éloigner du sous-jacent, on en perd le contrôle du produit. S’il n’est pas remplacé par un autre dispositif du même acabit, le logement neuf devra, pour la première fois depuis 16 ans, se passer d’une incitation fiscale à l’investissement. Une révolution pour des professionnels habitués à écouler, peu ou prou, la moitié de leur production via ce type d’aides. Alain Dinin, le premier promoteur de France, n’y croit pas, affirmant même que les équipes des deux candidats à la présidentielle préparent un après-Scellier. Les investisseurs ne l’ont pas cru, la valeur de Nexity chutant de plus de 10% le jour de l’annonce de François Fillon. Dans le doute, la plupart des opérateurs devraient arrêter leur production, avec un trou d’air à venir d’au moins neuf mois.

Le recentrage du prêt à taux zéro sur le neuf ne devrait pas compenser la perte du Scellier. En tout cas pas tant que les charges foncières, pour la plupart aux mains d’opérateurs publics ou para-publics, ne baisseront pas dans les zones tendues. Tout au plus, enlève-t-on un nouveau levier de solvabilisation pour les ménages dans l’ancien. La Fnaim, qui vient d’encaisser un relèvement de l’impôt sur les plus-values, a de quoi s’inquiéter d’un gel du marché dans l’ancien. La correction par le prix ne se fera pas du jour au lendemain.

Au final, le gouvernement sous couvert d’une politique visant à sauver le triple A jusqu’aux élections présidentielles, vient très classiquement de matraquer un secteur qui, à l’inverse de la finance, ne peut se délocaliser : l’immobilier. Au passage, on note le silence assourdissant du secrétaire d’Etat au Logement, Benoist Apparu, dont on se demande de plus en plus à quoi il occupe ses journées.

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