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Ecolabel européen : Europe je t’aime un peu, beaucoup, passionnément...

L’inclusion du bâtiment dans les critères d’évaluation de l’écolabel européen sera chose faite en 2012, martèle le Joint Research Center (JRC).

Ce laboratoire scientifique et technique dont la mission est de fournir un soutien technique à l’élaboration des cadres réglementaires est un organe directement rattaché à la Commission Européenne.

Les travaux d’harmonisation des critères d’évaluation vont bon train avec un nouveau rapport et un projet de Décision rendu public la semaine dernière.

La fleur européenne, qui viendra s’ajouter prochainement aux labels existants, ne s’appliquera qu’aux bâtiments de bureaux neufs, du moins dans un premier temps.

La publication de ces documents intervient à l’heure où la «guerre des labels» fait rage au plan international avec une nouvelle génération d’outils «génériques», de «codes internationaux» ou de «principes d’équivalence» censés mieux tenir compte des aspects locaux tout en garantissant une cohérence technique et marketing au plan international.

L’Europe est le seul endroit où LEED et BREEAM continuent de s’affronter véritablement.

Elle est le théâtre absurde d’une confrontation absurde entre les deux grands et une myriade de partenaires incapables de définir un langage commun et des mesures partagées.

Dans ce contexte, une initiative européenne harmonisant non seulement les indicateurs d’impact mais également (ce qui est plus important) les processus de certification ne peut être que la bienvenue.

On peut cependant s'interroger sur l’orientation prise dans le projet de Décision sur plusieurs points:

Energie: La norme EN15978 qui spécifie les règles pour le calcul énergétique des bâtiments tout au long du cycle de vie n’est pas référencée. Cette norme renvoie aux méthodes de calcul appliquées au niveau national et ce, en conformité avec la refonte de la Directive sur la performance énergétique des bâtiments.

Matériaux: L’approche sur les produits de construction est prescriptive, le bâtiment est lui même considéré comme un «produit». Le texte demande que 80% du coût des éléments constitutifs du bâtiment soit le fait de produits limitant leur impact sur l’environnement. Deux options sont offertes: a) Des produits éco-labélisés (Type I et III ISO 1424 ou ISO1425). b) Si a n’est pas possible des matériaux avec une information ACV en accord avec l’ISO14024).

Qualité de l’air: La liste des substances est extensive. Cependant, les méthodes d'essai ne sont pas harmonisées. Ce travail est réalisé par le CEN/TC351 actuellement, mais n’est pas référencé dans le texte de la Décision. En attendant la plupart des essais dans les états membres se fondent sur l’ISO16000-6.

Confort visuel : Le texte reste vague sur les exigences en demandant que soit garantit un niveau d’éclairage «suffisant». La norme EN12464 pourrait être référencée.

Enfin, en ce qui concerne l'implication des différentes partie prenantes, il est également regrettable de constater l'absence quasiment totale des industries de la propriété.
Investisseurs, promoteurs immobiliers, banques et assurances sont pourtant un maillon essentiel du marché de la certification environnementale des ouvrages.

Le secteur gagnerait à s'inspirer des industries des produits de construction, mieux informées, mieux organisées, plus techniques et plus actives.

Nul doute que le texte s’améliorera au cours des mois à venir. Il n’en reste pas moins que l’Écolabel européen pose une question d’actualité brûlante : combien d’Europe souhaitons-nous dans le combat contre le réchauffement climatique ?

Mots-clés : BREEAM, Ecolabel, LEED
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