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Logement : institutionnels en danger

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Agir sans attendre. A peine nommée à la tête d’un super-ministère de l’Egalité des Territoires et du Logement, Cécile Duflot est déjà à l’ouvrage. Encadrement des loyers, hausse du quota de logements sociaux, prolongement du dispositif hivernal pour l’hébergement d’urgence… : les initiatives – médiatiques pour l’heure - vont bon train. Avec un objectif louable de développer l’offre de logements pour répondre à une demande toujours plus prégnante.

La méthode commence déjà à inquiéter. Sans carton, Cécile Duflot s’invite tout de go à la table des investisseurs institutionnels avec quelques propositions choc. En amont, un pilotage téléguidé de leur allocation d’actifs dans l’immobilier. Objectif : le logement. Les arguments sont recevables, à commencer par un désengagement durable des "zinzins" dans le résidentiel. La proposition de suspendre le statut SIIC – c’est-à-dire le principe de la transparence fiscale pour un véhicule d’investissement immobilier réglementé – à la condition de détenir une quote-part de logements va immanquablement peser sur les stratégies. En aval, des menaces sur la liquidité de l’actif si la ministre du Logement suit la proposition de loi de son parti d’interdire les ventes à la découpe. On peut d’ailleurs se poser la question de la constitutionalité d’une telle mesure. Le bien fondé également. Quand un collectif manifeste dans le 19e arrondissement de Paris, combien applaudissent quand s’ouvre l’opportunité de devenir propriétaire de son logement avec une décote ?

Pris entre deux feux, les institutionnels sommés d’investir dans le logement se retrouvent littéralement encerclés. Sur leur gauche, par une volonté réaffirmée d’encadrement des loyers. Le potentiel de réversion locative, composante du rendement global d’un actif immobilier, s’envole par simple décret. Sur leur droite, par un marché qui atteint peu ou prou son asymptote. D’aucuns prédisent une baisse drastique des prix. Dans les zones tendues, on imagine mal le réservoir possible de hausse. Autrement dit, la performance de l’actif résidentiel sur ces 10 dernières années sera impossible à répliquer.

Investir dans le logement est déjà une gageure. Investir en zone tendue, avec des loyers bloqués, devient désormais une prouesse.