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Point de vue de Nicolas Bauer, Singer & Hamilton

La délocalisation des compétences et l'immobilier

C’est à la mode, malheureusement.
Le contexte du PLF 2013, d’instabilité juridique et fiscal et de morosité des acteurs économiques, va générer une fuite de grands talents dans un marché qui reste mou mais existant. 
Dans notre industrie, force est de constater qu’il manque toujours autant de logement en France - particulièrement en Île-de-France - et que le parc tertiaire nécessite de se moderniser et de s’adapter aux sujets environnementaux et énergétiques.

Parallèlement à ces besoins, les talents (juniors, experts et dirigeants) recherchent des opportunités en dehors de l’hexagone, dans un marché du travail de plus en plus fluide à l’international, car :

• Les fonds d’investissements (fonds en direct ou  sociétés de gestion) n’envisagent pas à court terme de renforcer leurs équipes en France.
• Les promoteurs, faute de financement et d’incitations, n’envisagent pas de prendre des risques.
• Les constructeurs dépendants des promoteurs et des marchés publics sont dans une situation d’attente, craignant une contraction du marché hexagonal (vs le développement des marchés émergents).   

Dans ce contexte, quelles sont les perspectives pour le marché du travail dans l’immobilier et la construction en France en 2013 ?

• Un impact financier immédiat : un revenu net inférieur 
- Les primes 2012 : elles seront plus faibles voire inexistantes pour certains. L’accent sera mis sur la rémunération sélective des meilleurs « performers ». Concernant les rachats de primes 2012 par de futurs employeurs, le sujet n’est plus en vogue.  Les candidats doivent attendre de toucher leur prime annuelle avant de démissionner.
- Les salaires fixes 2013 : il n’est pas envisagé de hausse, une stabilisation tout au mieux.
- Les carried interest : plusieurs fonds ne pourront en distribuer, faute de performance.
- Les dividendes : les taxations vont faire chuter les revenus nets des actionnaires et collaborateurs associés, sans compter une baisse de certains profits d’entreprises.

• Des restructurations
Des plans sociaux sont envisageables. Des fusions s’opèrent pour réduire les voilures et les coûts. Des structures vont disparaître.

• Un marché du travail français qui va se rigidifier : peu  de recrutements externes, essentiellement pour faire face à des remplacements
- Le nombre de candidats qualifiés en recherche d’emploi est bien supérieur à l’offre.
- Les « packages » proposés lors d’un changement  de poste ne sont pas significativement plus élevés en terme de revenu net.
- Les employeurs continuent de privilégier le recrutement d’opérationnels en activité. Mais ces derniers restent frileux compte tenu de la conjoncture et d’offres peu attractives.

En conclusion, la fin de l’année 2012 et l’année 2013 ne s’annoncent pas florissantes en matière de recrutements dans le secteur de l’immobilier et de la construction.

D’après les échanges que nous avons avec nos clients, nous prévoyons – afin de rester positif - un léger mieux vers la fin 2013 et pour 2014.

D’ici là, espérons que des mesures constructives soient mises en place pour créer un environnement propice à l’investissement afin que le marché du travail se dénoue.

Cela passera peut-être par une harmonisation fiscale européenne.

Mots-clés : PLF 2013