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Point de vue de Fabrice Abraham, Guy Hoquet l’Immobilier

Loi Alur : un texte contradictoire ?

A la veille de l’examen du projet de la ministre du Logement par l’Assemblée nationale, Fabrice Abraham, directeur général de Guy Hoquet l’Immobilier, réaffirme son positionnement.

Le projet de loi Duflot est schizophrène : il veut redonner ses lettres de noblesse à une profession tout en lui tirant une balle dans le pied. Je soutiens et salue l’initiative de la ministre d’encadrer la profession par des mesures, qui, rappelons-le, ont été insufflées par les professionnels eux même dans leur Livre blanc. La concrétisation d’un Conseil national de la transaction et de la gestion immobilière, le principe de sanctions disciplinaires en cas d’infractions aux règles déontologiques, le renforcement du mandat exclusif, l’obligation de formation continue pour les agents immobiliers tout comme pour les négociateurs ainsi que l’obligation de justifier d’une compétence professionnelle pour exercer dans les métiers de l’immobilier sont autant de pierres essentielles à cet édifice à construire que sont la reconnaissance des compétences de notre métier, et le tri nécessaire à effectuer pour qu’il trouve ses lettres de noblesse.

Soucieuse d’écouter ce besoin de reconnaissance du professionnalisme, d’une part, Cécile Duflot semble pourtant, d’autre part, couper l’herbe sous le pied à une économie de la transaction immobilière qui se cherche. Ainsi, l’interdiction de partage des honoraires d’agence entre le locataire et le bailleur, en reniant le service apporté par l’agent immobilier envers les deux parties, met à mal les emplois concernés. Dans la même veine, l’encadrement des loyers ne satisfait pas les représentants des locataires, tout en freinant les ardeurs des investisseurs. La ministre fait feu sur un marché déjà malmené en cumulant les signaux négatifs envoyés à ceux qui sont au cœur de la mise à disposition de nouveaux logements.

Et le marché n’est pas le seul à pâtir de ces mesures. Les consommateurs également en font les frais, notamment au regard de la Garantie Universelle des Loyers. En plus de déresponsabiliser bailleurs et locataires, cette mesure impose aux propriétaires satisfaits de leurs locataires, qui représentent une large majorité, de s’acquitter d’une taxe pour les mauvais payeurs. Un système qui, non content d’ajouter un impôt supplémentaire, échafaude une pharaonique usine à gaz de « sécurité sociale du logement » au coût estimé par certains professionnels de l’assurance, rappelons-le, à 2 Mds €. Et cela pour garantir seulement 2 % d’impayés. La protection du consommateur passe par la montée en compétence de la profession, pas par l’asphyxie de son marché !

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