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Point de vue de Jean-François Buet, Fnaim

Nous attendions autre chose que des vœux pieux

Jean-François Buet, président de la Fnaim, livre une analyse critique des vœux adressés à la presse par Cécile Duflot mardi.

Faire le vœu de logements aux loyers plus abordables pour les locataires, tout le monde le fait, y compris les professionnels de la Fnaim. Mais pour réaliser ce vœu, les méthodes divergent radicalement.

Pour nous, c’est sur l’offre qu’il faut agir. Notre pays manque de logements, c’est un fait établi. Avec seulement 300 000 nouvelles constructions, au lieu des 500 000 visés, l’année 2013 a encore creusé le déficit. Et s’il est légitime de faire valoir la qualité des logements construits, force est de reconnaître que la quantité n’y est pas, une fois de plus.

Notre pays manque tout spécialement de logements destinés à la location dans certaines villes et spécialement à Paris et en région parisienne. Mais 2013 aura été une année noire pour l’investissement locatif, dans le neuf comme dans l’ancien.

Rien, dans la loi Alur, n’est en mesure de booster l’offre rapidement. Quelques mesures d’urbanisme produiront leurs effets au mieux dans un an, peut-être deux, et ceux-ci resteront de toute façon limités. En revanche, la loi Alur contient tout ce qu’il faut pour faire caler le moteur de l’investissement locatif.

Plutôt que faire tomber la fièvre des loyers en encourageant la mise sur le marché de nouveaux logements à louer, Cécile Duflot, ministre du Logement, a fait le choix de l’encadrement des loyers. Le texte va être voté et des loyers vont baisser (pas forcément au profit de ceux qui en ont le plus besoin, soit dit en passant). Mais dans quelles conditions ?

La loi laissant le champ libre au gouvernement, c’est lui qui déterminera les « zones tendues » et les « loyers médians ». Sur quelles bases, avec quelle concertation et quel degré de précision ? Les outils en sont encore à l’usinage et aucun prototype n’a seulement été expérimenté.

Devant autant d’incertitudes, les professionnels de la Fnaim redoutent le pire : le découragement total des investisseurs, l’explosion des contentieux entre locataires et bailleurs, le recul de la mobilité résidentielle, etc. Bref, le contraire de l’objectif recherché, l’opposé des vœux prononcés.

Les bonnes intentions ne font pas toujours les bonnes politiques. Vouloir réguler le marché, ce n’est pas le tuer. Et se tourner aujourd’hui vers le logement social pour tenter de réparer les pots cassés, c’est un aveu d’échec et la perspective d’un nouveau fardeau pour nos finances publiques.

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