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[EDITO] Attention, Paris se dote d’un cerveau

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Anne Hidalgo présente sa vision de la ville de demain cette semaine au Conseil de Paris. Un exercice intellectuel toujours aussi savoureux que périlleux car il nécessite de se projeter dans le temps – un temps généralement peu compatible avec les mandats électoraux – et de manier davantage le rêve que la peur pour faire adhérer des administrés peu enclins au changement, eux. Selon une communication de la maire de Paris, la ville du 21e siècle - par définition « intelligente et durable » - se doit d’être « ouverte », connectée » et ingénieuse ».

Une ville « ouverte », c’est l’affirmation d’une nouvelle méthode pour co-construire la ville où le principe de la concertation sera « systématique » et « approfondi ». La ville de Paris propose de mettre en place quelques outils pour faciliter le débat public, comme une plate-forme « d’idéation », version 3.0 de la boîte à idées. Voilà pour la théorie. Car, dans la pratique, chaque projet génère un clivage quasi-systématique. Pour coller à l’actualité sportive, ne citons que celui de l’extension de Roland Garros où la FFT (Fédération Française de Tennis) appuyée dans son lobbying par la quasi-totalité des acteurs économiques, le gouvernement et bien-sûr la mairie de Paris, se heurte à l’opposition d’une poignée d’irréductibles défenseurs du patrimoine, portés eux par une opposition strictement politicienne. Sur cet exemple, on est plus proche du village gaulois que de la fameuse « co-construction ». D’ailleurs, Anne Hidalgo vient de siffler la fin de la concertation en affirmant que le débat était clos.

Une ville « connectée », c’est la mise en place d’un nouveau schéma directeur pour la ville numérique avec la volonté de placer l’usager au centre de la démarche. Toute proportion gardée, on commence à voir émerger cette même demande chez les grandes entreprises dans la définition de leur schéma directeur immobilier. Toutes les réflexions autour de l’avenir du bureau, de l’immeuble hybride, intelligent, flexible, partent de cette même notion de recentrage sur les besoins de l’utilisateur final. Pour la ville de Paris, le débat le plus sensible portera sur la place du digital dans l’espace urbain et de sa déclinaison en termes de services pour les usagers. Elle devra naviguer entre la « sensor city » (la ville des capteurs) et la « censor city » (la ville des censeurs) pour reprendre l’expression de la sociologue Saskia Sassen.

Une ville « ingénieuse », enfin, où comment tirer partie de cette révolution digitale de la ville et en particulier de ses objets immobiliers pour répondre à l’incroyable défi environnemental qui nous attend. La réponse ne peut être normative, culpabilisatrice ou même punitive. Elle est tout sauf unique et ne peut être que la conjugaison de micro-initiatives. La mairie de Paris a jeté dans l’arène 8 « grands objectifs transversaux », pour reprendre les éléments de langage. Planifier cette innovation, c’est un peu comme vouloir mettre Paris en bouteille. En revanche, rien n’empêche d’insuffler, voire de prolonger la logique de l’appel à projets Réinventer Paris.

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