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Point de vue d'Aurore Vialatte, IEIF

[POINT DE VUE] Août 2015 : calme ou tempête ?

Le mois de juillet a renoué avec un certain optimisme des investisseurs malgré des tensions mondiales toujours aussi prégnantes sur les marchés boursiers. Ainsi, au cours du mois dernier, l'intention des investisseurs a été, principalement, focalisée sur la crise grecque, sans toutefois occulter les indicateurs de la solidité de la reprise américaine ou bien ceux d'un ralentissement trop fort de l'économie chinoise.

Outre-Atlantique, alors que certaines statistiques publiées soutiennent le sentiment d'une nette amélioration de l'économie d'autres viennent temporiser cette observation. Ainsi, la croissance du PIB au 2e trimestre de l'économie américaine a été de 2,3 % en termes annualisés (après +0,6 % au 1er trimestre), reflétant bien un sursaut de l'économie américaine même s'il n'est pas aussi fort qu'espéré. Du côté du marché de l'emploi, sur le mois, les demandes d'inscriptions aux allocations chômage reculent de 1,4 % à 278 500 demandes, représentant un taux de chômage de 5,3 %, soit son plus faible niveau depuis avril 2008. Sur un an, le recul des inscriptions est de 11,8 %.

En ce qui concerne l'activité industrielle, les données sont également encourageantes avec notamment un indice PMI manufacturier de 53,8 en juillet (contre 53,6 en juin).Toutefois, les acteurs du marché restent perplexes comme le montre l'évolution de l'indicateur de confiance des ménages Thomson-Reuters de l'Université du Michigan à 93,1 (contre 96,1 en juin et 94 attendu). Cette prudence s'est vue renforcée par la baisse inattendue des ventes au détail de 0,3 % sur le mois (+0,2 % attendu), soit la plus mauvaise performance depuis février.

L'évolution du marché immobilier a été largement un facteur d'optimisme. En effet, alors que les ventes de logements anciens ont bondi de 3,2 % à 5,49 millions d'unités en juin (soit +9,6 % sur un an), le moral des constructeurs immobiliers, illustré par l'indice NAHB/Wells Fargo, a atteint son plus haut historique depuis novembre 2005 (60, consensus à 59).

Ces données viennent renforcer la thèse d'une remontée des taux de la Fed en 2015. Plus précisément, les propos tenus lors de la dernière conférence de la présidente de l'institution américaine, Janet Yellen, tendent à alimenter les spéculations sur une possible remontée des taux dès le mois de septembre.

En Asie, la situation devient de plus en plus inquiétante notamment en Chine où les marchés s'affolent et doutent de l'efficacité des mesures déployées par Pékin. Tandis que le gouvernement a essayé d'enrayer la chute des cours à travers différentes initiatives comme par exemple la modification des règles d'autorisation d'emprunt pour financer les achats d'actions, les valeurs chinoises ont accusé un recul de près de 25 % par rapport au pic de juin.

De plus, bien que la Banque centrale ait mis en place des directives afin de réguler le financement croissant par internet, dans le but notamment de limiter les risques, les investisseurs restent méfiants s'appuyant sur des indicateurs conjoncturels peu rassurants. Notons ainsi un indice PMI manufacturier de 47,8 en juillet contre 49,4 en juin (son plus bas niveau depuis deux ans), illustrant parfaitement l'accentuation du repli manufacturier en ce début de troisième trimestre. Seule lueur d'espoir, la stabilisation de la croissance à 7 % au 3e trimestre alors que nombre d'investisseurs s'attendaient à un chiffre inférieur à 7 %.

En Europe, le mois a été le théâtre de la confrontation entre la Grèce et ses créanciers. Le mois de juillet a été, en effet, ponctué par les différents épisodes d'un feuilleton, loin d'être achevé, portant sur les nécessaires efforts des grecs pour pouvoir accéder à un troisième plan d'aide de la part de leurs créanciers. Ainsi, en contrepartie d'un certains nombres de mesures d'austérité (augmentation de la TVA à 23 % sauf exception, âge de la retraite repoussé à 67 ans, 62 ans pour ceux ayant travaillés 40 ans en 2022), ainsi que de la mise en place d'un fonds équivalents à 50 Mds€ d'actifs gérés au Luxembourg afin de garantir que les privatisations seront bien mises en œuvre, la Grèce pourrait obtenir une enveloppe de 86 Mds€ d'ici la mi-août.

Cette tension sur les marchés a été renforcée par des statistiques peu encourageantes au niveau de l'activité industrielle. Ainsi, la zone euro a connu un ralentissement de sa production industrielle en mai avec -0,4 % (contre 0 % en avril) principalement due au recul de la production d'énergies (-3,2 %). Les indices PMI manufacturiers appuient également ce mouvement avec 52,2 en juillet (contre 52,5 en juin) pour la zone euro et plus particulièrement 49,6 pour la France (contre 49,6 en juin), et 30,2 en Grèce (son plus bas niveau historique). Les indices PMI du secteur des services suivent la même tendance avec un indice de 53,8 en juillet (contre 54,4 en juin) pour la Zone Euro et un indice de 52 en juillet (contre 54,1 en juin) pour la France.

Pour autant, les investisseurs et acteurs des marchés européens ne semblent pas démoralisés comme le montre l'indice du sentiment économique en zone euro de 104 en juillet (après 103,5 en juin), un indice IFO de 108 (contre 107,5 en juin), l'évolution de l'indice ZEW qui perd seulement 1,8 point à 29,7 (contre 31,5 en juin et 29 attendu) ou bien encore un indice de confiance des ménages de 93 pour la France (contre 94 en juin). La raison principale de cet optimisme résulte avant tout de la prise de conscience que le gouvernement grec semble décidé à faire son maximum pour rester au sein de la zone euro, la possibilité d'un Grexit s'éloignant un peu plus.

Les indices immobiliers européens reflétant l'état d'esprit des investisseurs, tout comme les indices de référence, ont affiché de forts gains sur le mois. En effet, l'indice de performance globale Euronext IEIF REIT Europe a bondi de 7 % sur le mois de juillet, tandis que l'indice Dow Jones Stoxx 50 affiche +4,5 % de performance.

L'indice Euronext IEIF SIIC France a gagné 4,9 %, alors que l'indice CAC 40 a progressé de 6,2 % en juillet. Depuis le début de l'année, l'indice Euronext IEIF REIT Europe croît de plus de 21 %, tandis que l'indice Euronext IEIF SIIC France enregistre une performance de près de 15 %, à comparer aux 17 % de l'indice Dow Jones Stoxx 50 et 22 % du CAC 40.

Après un mois de juin dominé par le pessimisme des investisseurs, le mois de juillet a été, plutôt, marqué par un optimisme raisonnable. Nombreuses sont les interrogations quant à la tendance du mois d'août tantôt serein tantôt catalyseur de crise (2007 pour la plus récente).Qu'en sera-t-il pour ce mois d'août 2015 ?

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