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[EDITO] Repentin, sinon rien ?

Thierry Repentin

Sylvia Pinel est sur le départ. Au prétexte du non-cumul des mandats, l’actuelle ministre du Logement et de l’Egalité des territoires et de la Ruralité laisse son maroquin pour prendre la vice-présidence de la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Quitter le gouvernement pour un poste qui n’est pas le plus courtisé sur l’échiquier politique peut être vu comme une première promesse tenue à ses électeurs… ou comme un signe d’étiolement de la fonction de ministre du Logement. A moins qu’il ne s’agisse d’un aveu d’impuissance face à l’ampleur de la tâche sur laquelle toutes les politiques du logement – quelle que soit la majorité politique – se cassent les dents depuis plus d’un demi-siècle si l’on se borne à prendre l’appel de l’abbé Pierre, en 1954, comme un point de référence.

Que restera-t-il du passage de Sylvia Pinel au ministère du Logement ? Rien ou presque, à l’exception bien évidemment de son nom associé à l’inévitable incitation fiscale en faveur des investisseurs dans le logement neuf qui vient quelque peu atténuer une fiscalité toujours plus lourde sur l’immobilier. Au moins, elle n’aura pas crispé les professionnels comme sa devancière Cécile Duflot. A l’exception peut-être d’une partie de l’industrie immobilière échaudée par sa vraie-fausse réforme des baux commerciaux. Mais, c’était un autre ministère.

Qui pour la remplacer à l’hôtel de Castries ? La solution politique suggère Jean-Michel Baylet : un PRG remplace un PRG. D’ailleurs, à l’arrivée de Manuel Valls à Matignon, c’était le président du Parti Radical de Gauche qui devait prendre le ministère du Logement… la semaine où il était mis en examen pour une affaire de frais de bouche.

La piste professionnelle place Thierry Repentin comme le favori pour prendre le portefeuille. A vrai dire, c’est peu ou prou le seul spécialiste de la question du Logement au Parti Socialiste. L’ancien sénateur a présidé aux destinées de l’Union sociale pour l’habitat, qui abrite les cinq fédérations des HLM, pendant quatre ans (2008 à 2012), avant d’écrire le programme Logement du candidat Hollande. Il garde toujours un pied dans le secteur, comme délégué interministériel à la mixité sociale dans l’habitat, avec pour première mission de libérer les terrains publics (que certains n’ont pas été capables de recenser) pour construire du logement.

Mais la voie de l’ambition serait de trouver enfin un profil de décideur politique qui ne limite pas la vision du logement aux seuls HLM, qui ne décorrèle pas le résidentiel des autres classes d’actifs immobiliers, qui ne confond pas égalité et équité des territoires, qui fait de l’urbain une stratégie de développement économique et social, qui comprend les effets de levier de la métropolisation de l’économie et de ses inévitables dangers sur des territoires se sentant abandonnés de la République. Cela suppose de redéfinir les contours d’un ministère qui s’est paupérisé dans ses compétences, d’en faire enfin une fonction régalienne qui puisse intégrer tous les leviers, y compris fiscaux. Car il est aussi du devoir d’une nation de loger ses citoyens. Tous ses citoyens. Dans cette hypothèse (peut-être utopique), il faudra plus qu’un allié politique ou qu’un spécialiste, aussi bon soit-il.