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Point de vue d'Aurore Vialatte, IEIF

[POINT DE VUE] La nécessaire mise en place de politiques budgétaires volontaristes

Tout comme le mois de janvier, le mois de février a été synonyme de vives tensions sur les marchés financiers. Les premiers résultats annuels publiés par les entreprises pétrolières ainsi que certaines banques sont venus raviver les inquiétudes des investisseurs. Les avantages liés à la baisse des prix du pétrole ne semblent pas assez importants pour compenser les pertes obérant les sociétés des industries liées. Ces craintes ont trouvé écho dans le discours de la présidente de la Banque centrale américaine. Cette dernière a, en effet, déclaré que l'économie américaine pourrait ne pas être en mesure d'absorber tous les chocs extérieurs potentiels. Bien que mettant en place des politiques monétaires divergentes, la plupart des anques centrales sont unanimes : la politique monétaire ne pourra pas à elle seule permettre de relancer la croissance mondiale, les Etats se doivent d'appliquer de véritables politiques budgétaires volontaristes et des réformes structurelles.

Outre-Atlantique, la Fed a donc affiché son questionnement quant à la résistance de l'économie américaine face à de possibles chocs extérieurs dans une économie mondiale soumise à des pressions déflationnistes. L'objectif d'un taux principal directeur de 1,375% fin 2016 s'est envolé pour laisser place à un éventuel 0,875%. Du côté du marché de l'emploi, les créations de postes publiées par l'enquête ADP sont meilleures que prévues avec 242 000 emplois créés (contre 195 000 attendus et 151 000 au mois de janvier), mais aucune tension sur l'appareil productif ne semble apparaître. Le taux de chômage reste à 4,9%, alors que les acteurs s'attendaient à une remontée à 5%.

Du côté de l'activité industrielle et des services, l'évolution des indicateurs n'indiquent pas de nette amélioration. On notera notamment un indice PMI manufacturier de 51,3 en février (52,4 en janvier et 51,2 attendu), un indice PMI des services de 49,7 (contre 49,8 en janvier et attendu), un indice ISM des services de 53,4 (53,5 en janvier et 53,2 anticipé), et surtout un indice ISM manufacturier de 49,5 (contre 48,5 attendu). De plus, les acteurs économiques restent dans une dynamique baissière comme le montrent la stagnation des dépenses des ménages au mois de février et l'indice de confiance de l'Université du Michigan à 90 (92,6 en janvier et 92,2 attendu).

Sur le marché immobilier, l'évolution reste ambiguë. Tandis que les permis de construire reculent à 1,17 millions d'unités (contre 1,23 millions d'unités en janvier), que les ventes de logements déçoivent tant dans l'ancien (5,08 millions contre 5,32 attendus) que dans le neuf (494 000 en rythme annualisé contre 523 attendus) ; les mises en chantier se redressent à 1,18 million d'unités (contre 1,15 million en janvier) et l'indice Case-Shiller atteint des sommets avec une hausse de 5,8% sur un an, son plus fort niveau depuis juillet 2014. Quant au moral des promoteurs, il s'assombrit à travers un indice NAHB de seulement 58 (après 61 en janvier).

En Asie, les données publiées ont, une nouvelle fois, contraint les autorités à réagir. Au Japon, la Banque Centrale a donc procédé à la révision à la baisse de son taux de référence entrant ainsi en territoire négatif à -0,1 %. Cette décision s'appuie sur des statistiques peu rassurantes. Le PIB japonais s'est contracté de 1,4 % sur le 4e trimestre 2015 en données annualisées (-1,2 % anticipé) notamment du fait du ralentissement des dépenses des ménages et l'inflation flirte avec 0 à 0,2 % en données annualisées. Les exportations ont baissé de près de 13 % en janvier après -8 % en décembre sur un an. Malgré le sursaut de la production industrielle (+3,7 % en janvier par rapport à décembre), les ventes de détail sont toujours au plus bas (-0,1 % sur un an en janvier), alimentant un peu plus la fébrilité de la confiance des acteurs.

Du côté des statistiques chinoises, le ralentissement de l'Empire du Milieu se confirme mois après mois. Les exportations, moteur de la croissance chinoise, affichent leur 8e mois de recul avec -25,4 % en termes annualisés, les importations se contractent plus vite que les exportations entraînant un solde commercial de 63 Mds$ mettant un peu plus en avant le recul de la consommation des ménages. Néanmoins, certaine données laisseraient penser que les mesures prises par le gouvernement pourraient soutenir la croissance dans certains pans de l'économie. On soulignera un indice PMI manufacturier à 48 (contre 48,4 en janvier, 12e mois consécutif de baisse), un indice PMI des services de 51,2 (contre 52,4 en janvier).

Malgré cela, les investisseurs doutent toujours de l'efficacité des mesures prises par Pékin. Les sorties de capitaux deviennent assez massives entraînant la chute des cours, les réserves de change touchent leur plus bas en 3 ans à 3 230 Mds$, soit un recul de près de 100 Mds$ sur le mois. Afin d'éviter une pénurie de liquidité, la Banque Populaire de Chine a injecté, au cours du mois de février, 100 Mds de Yuans (15 Mds$) de prêts à court terme tout en abaissant encore son ratio de réserves obligatoires des banques et en relevant de 1 % son taux de référence de la parité Yuan/$.

En Europe, des doutes quant à la dynamique de la reprise économique commencent à apparaître. L'indice PMI manufacturier de la Zone Euro atteint seulement 51,2 en février (contre 51 en janvier et prévu), l'indice PMI du secteur des services se stabilise 53,3 en février (53 en janvier et prévu). En France, même si la croissance donne des signes de véritable progression, la baisse de l'indice PMI manufacturier à 49,2 (contre 49,8 en janvier et anticipé), ainsi qu'un indice PMI des services en net recul à 49,2 (50,3 en janvier, 49,8 attendu) soulèvent des questions. Les derniers chiffres publiés de la croissance 2015 des pays européens (1,45 % pour l'Allemagne, 1,1 % pour la France, 0,6 % pour l'Italie et 3,2 % pour l'Espagne) engendrent des anticipations de croissance pour 2016 comparables sans accélération notable soulignant un peu plus l'absence de politiques budgétaires conséquentes. Pour autant, la BCE a annoncé de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire visant en priorité à éloigner les risques déflationnistes revenus sur le devant de la scène.

Du côté du moral des acteurs, la situation se révèle peu enthousiasmante avec un indice IFO du climat des affaires en février à 105 (108,6 en janvier), son plus bas niveau en 4 ans et un indice du sentiment économique ZEW des investisseurs pour l'Allemagne qui s'effondre à 1 en février (après 10,2 en janvier et 3,2 attendu).

Comme au cours du mois précédent, les indices immobiliers ont suivi la chute généralisée des marchés financiers, toutefois, les indices français affirment une nouvelle fois leur résistance à cette spirale baissière. En effet, l'indice de performance globale Euronext IEIF REIT Europe a perdu 5,6 % sur le mois de février, tandis que l'indice Dow Jones Stoxx 50 a reculé de 3,1 %. L'indice Euronext IEIF SIIC France a une performance négative de 0,5 %, alors que l'indice CAC 40 a chuté de 1,3 % en février. Sur un an, les indices français, immobiliers et de référence, affichent de meilleures performances que celles des indices européen ou américain. Les indices Euronext IEIF REIT Europe et Dow Jones Stoxx 50 perdent respectivement 12,5 % et 14,9 %, alors que l'indice Euronext IEIF SIIC France enregistre un recul de 6,2 % et que l'indice CAC 40 ne baisse que de 9,2 %.

Mots-clés : IEIF, REIT
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