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Point de vue de Jérôme Le Grelle, Convergences-CVL

Le commerce de centre-ville n’existe pas

Pour restaurer le commerce dans les centres-villes, il faut commencer par cesser de le considérer comme une activité autonome, qui ne vivrait que par elle-même.

La vacance commerciale a encore augmenté d’un point en 2015 dans les centres-villes étudiés par Procos, pour atteindre 9,5 %. Il est temps d’oublier les coupables idéaux – l’e-commerce, la périphérie, les loyers… – et de regarder les choses en face. Si le commerce de centre-ville va mal, c’est aussi parce que les centres-villes eux-mêmes ont perdu de l’attractivité. Littéralement, ils n’attirent plus suffisamment de clients potentiels vers les commerces qui, faute de flux chalands, s’étiolent et disparaissent.

L’élément d’un ensemble

De même que le consommateur perçoit le centre-ville non comme un alignement de boutiques mais comme le lieu d’une expérience d’achat plus ou moins agréable, toute politique qui prétend relancer le commerce doit le considérer comme l’élément d’un ensemble organisé. Où l’on accède, circule, stationne, se repère plus ou moins facilement. Où les proximités, les parcours sont conçus pour répondre aux attentes des visiteurs. Où les horaires d’ouverture sont pensés pour les clients, les vendeurs bien formés. Où les équipements publics, les lieux touristiques, les bars, les restaurants et les magasins fonctionnent en bonne intelligence.

Pour l’équipe municipale, cela suppose de coordonner l’action de nombreux services (commerce, urbanisme, transport, culture, tourisme…) mais aussi celle des acteurs privés concernés (commerçants, hôteliers, restaurateurs…). On est très loin des politiques traditionnelles d’animation commerciale.

Une bonne approche consiste à identifier le périmètre où se trouvent la plupart des générateurs de flux (équipements, tourisme, commerce) et à y diriger les efforts de cette politique globale. Pourquoi se limiter à ce périmètre ? Tout simplement pour concentrer les flux sans lesquels, rappelons-le, le commerce ne peut pas fonctionner.

Une stratégie au long cours

Pour cela, la collectivité devra évidemment mobiliser des compétences et des moyens techniques et financiers. Mais le plus difficile sera peut-être d’assumer cette stratégie dans toutes ses implications, en évitant quatre erreurs.

La division
Attention au cloisonnement des services, aux corporatismes, aux rivalités : ces tendances naturelles sont à l’exact opposé de la démarche, qui veut au contraire fédérer toutes les énergies. Ce qui n’ira pas sans quelques moyens.

Le saupoudrage
Toute action isolée, si “géniale” ou innovante soit-elle, n’aura aucun effet notable si elle n’est pas au service de la stratégie générale.

L’inconséquence (ménager la chèvre et le chou)
Aller au bout de la logique, c’est assumer de ne pas soutenir voire de laisser mourir le commerce en dehors du secteur stratégique, et refuser tout projet qui, en venant ponctionner des flux sur le centre-ville, s’éloignerait de la stratégie poursuivie.

L’impatience
Il faudra plusieurs années pour repositionner les commerces aux bons emplacements, faire venir des locomotives aux endroits stratégiques, requalifier l’espace public, etc. Rome ne s’est pas faite en un jour… ni en un mandat municipal

Ce n’est pas simple, mais une chose est certaine : ne rien faire est le plus sûr moyen d’aggraver la mortalité du commerce dans les centres-villes en difficulté.

 

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