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Point de vue de Thibault Jézéquel, Mazars Société d'Avocats

La cartographie des risques des sociétés de gestion de portefeuille : un outil de pilotage stratégique

Pièce essentielle du dispositif de maîtrise des risques d’une société de gestion de portefeuille, la cartographie des risques requiert une attention particulière dans sa conception. Plus qu’un outil de contrôle statique, un tel dispositif a vocation à évoluer dans le temps à mesure de l’évolution du périmètre d’activité de la société et des stratégies de gestion qu’elle met en œuvre.

UN FORMAT RELATIVEMENT SOUPLE

Le format d’une cartographie des risques demeure relativement souple. Si l’Autorité des marchés financiers a précisé certaines de ses attentes au sein de ses travaux de doctrine, aucun formalisme d’ensemble n’a été imposé par le régulateur. Ainsi, en fonction des moyens dont elle dispose mais également de la portée et de la complexité de ses activités, la société de gestion de portefeuille - exerçant dans le domaine de l’immobilier - peut opter, soit pour la réalisation d’une cartographie globale couvrant l’ensemble des risques auxquels la société est exposée, soit pour la réalisation de plusieurs cartographies thématiques distinctes afin de réaliser un travail plus détaillé. 

Indépendamment de l’option retenue, l’élaboration d’une (ou de plusieurs) cartographie(s) des risques se déroule généralement en quatre phases distinctes :

-     l’identification de l’ensemble des risques susceptibles d’impacter la société ;

-     la définition d’indicateurs de mesure des risques pertinents sur la base d’une matrice associant le niveau d’impact et la probabilité d’occurrence ;

-     le développement de systèmes efficaces de limitation des risques ; et

-     la mise en place de mécanismes générateurs d’alertes.

Pour être menée à bien, cette démarche nécessite la mobilisation des interlocuteurs les plus pertinents de la société ainsi que l’implication pleine et entière de ses dirigeants. En effet, ces derniers participent à la définition et à la mise en œuvre du dispositif de gestion des risques. Ils doivent notamment contribuer à ce que les unités opérationnelles de la société ne considèrent pas cet exercice comme un audit ou une inspection, mais plutôt comme un outil d’autoévaluation permettant de prendre du recul sur leurs périmètres d’activités respectifs. Par ailleurs, la coopération des opérationnels avec la fonction permanente de gestion des risques (si cette dernière est indépendante) s’avèrera également essentielle pour la bonne conduite de l’exercice.

UN OUTIL EVOLUTIF STRATEGIQUE

Une fois cette cartographie établie, ce document a vocation à faire l’objet d’une revue régulière dans la mesure où la fonction permanente de gestion des risques doit mesurer les niveaux de risques à une fréquence appropriée et veiller au respect du système de limitation défini sur la base des alertes générées.

Les éléments contenus dans la cartographie peuvent également contribuer à initier les réflexions autour de la revue périodique de la politique de gestion des risques du gestionnaire ou encore à alimenter le contenu du rapport au conseil d’administration ou aux dirigeants de la société que la fonction permanente de gestion des risques doit leur communiquer de façon régulière.

Par ailleurs, si le travail d’identification des risques a correctement été mené à l’origine de la cartographie, l’efficacité du dispositif de maîtrise des risques dépendra alors de la qualité des systèmes de limitation et des mécanismes générateurs d’alerte. Le paramétrage de ces outils sera essentiellement influencé par le degré de tolérance aux risques des dirigeants de la société et de celui des investisseurs dans les fonds d’investissements gérés.

Ainsi, la cartographie des risques ne se contentera plus d’être un outil directement influencé par la stratégie de la société de gestion de portefeuille, mais se révélera comme un dispositif susceptible de la faire évoluer.