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Point de vue de Bertrand de Feydeau, Fondation Palladio

La construction de la ville, un vrai relais de croissance

Le 6e Forum des métiers de l’immobilier, organisé ce jeudi par Business Immo et la Fondation Palladio au palais des Congrès de la porte Maillot, arrive à temps pour s’inscrire en contrepoint d’idées qui se développent de façon insidieuse. Les économistes et le monde politique, après avoir tardé à analyser les conséquences fondamentales liées à l’irruption du numérique dans tous les compartiments de l’activité humaine, en viennent à diffuser des peurs qui s’enracinent dans de vieux réflexes malthusiens.

© Augustin / Fotolia

Il est certain que la révolution technologique va profondément transformer de nombreuses professions. L’industrie immobilière et la construction de la ville ne font pas exception. Ce que Maurice Lévy, avec son génie des mots, a qualifié d’« uberisation », produit déjà son effet sur un bon nombre de métiers qui structurent la chaîne de la construction de la ville : l’hôtellerie, les centres commerciaux, les espaces de travail, la transaction, la finance, tous ces métiers et tant d’autres vont être impactés par ces technologies nouvelles. Ils devront affronter les changements, conduire les mutations, accepter que certains d’entre eux se transforment et même disparaissent.

Les interventions percutantes, notamment de Sébastien Bazin, président directeur général d’AccorHotelsChristophe Cuvillier, président du directoire d’Unibail-Rodamco, et Sébastien Matty, président de GA Smart Building, à l’occasion de la plénière du salon professionnel Simi, coorganisée par la Fondation Palladio en décembre 2016 sur le thème de la révolution des modèles dans la ville et l’immobilier, attestent du grand réalisme des acteurs de l’industrie immobilière. L’évolution et l’imbrication des métiers dans les années qui viennent est l’un des grands enjeux de la construction de la ville.

Mais au-delà de ces mutations décisives, qui à elles seules justifieraient l’existence du Forum des métiers de l’immobilier, il faut considérer les aspects quantitatifs et macroéconomiques. Là encore, les enjeux ont été clairement soulignés dans le dernier débat de l’Institut Palladio au cours duquel les intervenants Pierre Schoeffler et Olivier Piani ont croisé leur regard sur les impacts économiques liés au vaste phénomène d’urbanisation qui caractérise le monde du XXIe siècle.

Comment faire en sorte que des tissus urbains, souvent mal préparés, accueillent en quelques décennies 2 milliards de nouveaux habitants et leur cortège de besoins, de logements, de lieux de travail, de lieux de formation et d’éducation, de commerce, etc. ? L’enjeu est gigantesque et exige la mobilisation de moyens financiers et de compétences humaines absolument considérables. Il est urgent de regarder ces problèmes en face et d’arrêter de se faire peur de voir la masse de travail se restreindre comme peau de chagrin, quand des enjeux aussi importants sont devant nous. Plus les années passent, plus la construction de la ville apparaît comme « la solution ».

Nul ne peut ignorer le travail considérable que va engendrer l’explosion urbaine des prochaines décennies

Depuis 2008, la Fondation Palladio a conscience de ces enjeux et agit pour la construction de la ville de demain en rassemblant et en mobilisant les énergies, en attirant des talents et en les encourageant par des bourses, en accompagnant toutes celles et ceux qui ont la responsabilité du développement immobilier et urbain. C’est ainsi qu’est né le projet qui voit le jour en ce début d’année 2017 et qui porte le nom de Real Estate & Urban Employment Monitor.

La Fondation Palladio est à l’initiative de cette 1re étude annuelle, en association avec EY (Ernst & Young) et Business Immo ; il a fallu la rencontre de ces trois énergies pour concevoir, porter et réaliser ce projet dont les résultats seront présentés au Forum des métiers de l’immobilier. C’est la première fois qu’une telle étude appréhende la filière dans son ensemble, en regroupant les 8 secteurs qui la composent : architecture-aménagement-urbanisme, ingénierie, expertise-conseil, investissement-financement, promotion, construction, commercialisation, gestion.

Ce travail, qui a nécessité la collaboration de toutes les instances professionnelles regroupant les différents métiers de la ville (la FFB, la FPI, la FSIF, Syntec Ingénierie, l’Ordre des architectes, etc.) et qui a mobilisé plus de 900 dirigeants de la filière, constitue une véritable première en France. C’est un événement.

De ce travail, mené avec beaucoup de conscience et mettant en œuvre des moyens financiers et humains importants, ressortent trois idées essentielles :

1. La grande diversité et la complémentarité des secteurs d’activités et métiers qu’il faut mobiliser pour construire la ville ; que d’opportunités pour les jeunes qui se lancent dans la vie professionnelle et que de possibilités d’évolution de carrière pour ceux qui ont appris à aimer la ville dans leur vie professionnelle.

2. La contribution nette positive de l’ensemble de ces métiers à la croissance. Ce constat est vrai pour nos économies post-industrielles ; il est décisif pour les économies en développement.

3. Le croisement de ces deux premiers constats ouvre la porte à un troisième : ce secteur est fortement créateur d’emplois ; d’emplois qualifiés nécessitant des formations adaptées et une constante mise à jour des professionnalismes.

Le 6e Forum des métiers de l’immobilier organisé au palais des Congrès fera date. Il acte une prise de conscience. Il porte une ambition. La morosité des temps n’aura pas le dernier mot pour ceux qui ont le goût d’entreprendre.

À une époque où il est de bon ton de mettre en doute la réflexion de Schumpeter sur la destruction créatrice, il est utile d’inviter chacun à voir la réalité en face et à mesurer les responsabilités qui nous attendent. Bien sûr, nul n’est capable de quantifier les destructions d’emplois liées à ces nouvelles technologies ; peut-être « la vallée du désespoir » sera-t-elle plus profonde et plus longue que celles qui ont résulté de l’impact des grands bouleversements technologiques antérieurs et qui ont commencé avec la machine à vapeur.

Mais nul ne peut ignorer non plus le travail considérable que va engendrer l’explosion urbaine des prochaines décennies. Il faudra que beaucoup de bras aient été libérés pour pouvoir y faire face. À titre d’exemple, chacun sait que l’Afrique tient entre ses mains le destin de l’Europe : soit nous saurons accompagner son développement et les « vieilles économies » y trouveront un relais de croissance décisif, soit nous continuons à ignorer l’enjeu de la construction de l’Afrique et, alors, aucun traité ni aucune construction de murs de défense n’arrêteront les transferts massifs de population.

Relevons ensemble ce défi. Les talents et les compétences ne seront jamais assez nombreux.

La construction de la ville est un vrai relais de croissance.

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