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Bras de fer

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Le Mipim qui s’ouvre la semaine prochaine à Cannes va offrir un ring de première classe pour le grand combat que se livrent Londres et Paris. Faute d’entente cordiale entre ces deux villes-mondes situées à un couple d’heures de train, c’est bel et bien un bras de fer qui durcit depuis le Brexit.
Les anglais arriveront en force sur la croisette, avec ministres et édiles, notamment le maire de Londres, placés sous la bannière du Department of International Trade (DIT). Avec un message clair : le Brexit n’a pas entamé la moindre once d’attractivité de leur île, bien au contraire.
Campagne présidentielle oblige, les grands porte-voix de la France seront aux abonnés absents. Le gouvernement consent à déléguer sa ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, pour ouvrir un salon qui embrasse bien plus que la seule problématique résidentielle. Cela risque de nous changer du Macron superstar de l’édition 2016.
Bref, faute d’appuis politiques forts et de stratégie coordonnée à l’échelon national, les acteurs français vont pouvoir compter un peu sur quelques élus locaux, francs-tireurs de l’attractivité, et beaucoup sur eux-mêmes.
La première brique, c’est de se comparer avant de pérorer sur les estrades sur sa supposée supériorité. L’Orie (Observatoire de l’immobilier d’entreprise en Île-de-France) s’y est attelé dans une vaste étude sur l’attractivité internationale de l’Ile-de-France, comparant Londres à Paris à partir de l’analyse de plusieurs classements européens et mondiaux. Bon, Londres est devant. Mais Paris dispose de nombreux atouts en particulier dans les coûts immobiliers, de construction, d’exploitation, d’occupation. De solides défis s’annoncent aussi pour rester dans la compétition mondiale et ne pas se contenter d’attendre d’hypothétiques relocalisations d’entreprises.
D’abord, s’appuyer sur une offre immobilière qui répond à la mutation de la demande. Paris dispose du parc tertiaire le plus profond d’Europe, mais à la qualité encore trop limitée et menacée par l’accélération de l’obsolescence. Si quelques poches de rareté peuvent faire le bonheur de tel ou tel investisseur, la réponse de la place tiendra dans un renouvellement de l’offre où s’inviteront les questions de la réversibilité, de l’agilité ou encore de la connectivité.
Ensuite, développer la mobilité, plus exactement les mobilités. Paris a fait le choix d’un réseau de gares avec le Grand Paris Express. L’avenir nous dira si ce super-RER était le bon choix. En attendant, son réseau structure de nouvelles colonnes vertébrales pour développer des projets immobiliers.
Enfin, relever le défi de l’économie numérique en facilitant tout à la fois l’accès à l’offre immobilière pour les start-ups mais en sachant surtout les faire grandir sur le territoire. Si l’on veut conserver ce capital humain qui a pris la poudre d’escampette ces dernières années et, mieux, attirer de nouveaux talents, c’est tout un écosystème qu’il faut construire et consolider dès à présent.

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