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L’innovation pour quoi faire ?

Le Plan Bâtiment Grenelle vient de produire un nouveau document, le rapport « Leviers à l'innovation dans le secteur du bâtiment », reproduit en annexe de la présente chronique. Il s’agit du rapport intermédiaire produit par le groupe de travail « Innovation et Recherche », dont je fais partie, co-animé par Inès Reinmann (Acxior Corporate Finance) et Yves Farge (Académie des Technologies).
Selon le Moniteur des Travaux Publics et du Bâtiment du 18 janvier 2011, la vision présentée par le rapport est « moderne et quelque peu « décoiffante » dans un secteur qui reste encore sous certains aspects très traditionnel ».
Je mettrai en avant trois idées du rapport, peut-être effectivement un peu « décoiffantes » dans le monde de l’immobilier et de la construction, car elles remettent en cause trois idées dominantes.
La première idée dominante contestée est celle selon laquelle l’innovation est avant tout technologique. Pour cela, le rapport reprend la définition, peu connue, de l’innovation proposée depuis 2005 par l’OCDE, dans le Manuel dit d’Oslo1 : « une innovation est la mise en œuvre d’un produit (bien ou service) ou d’un procédé nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques de l’entreprise ».
Le rapport indique donc que l’innovation dans la construction et l’immobilier peut être technologique, « mais aussi financière, organisationnelle, de conception, commerciale et de comportement ». Nous pensons même que l’innovation technologique, non ou mal articulée aux dimensions financière, organisationnelle, de conception, commerciale ou de comportement, aboutit souvent à des échecs.
La seconde idée dominante remise en cause est celle qui indique que le bâtiment est avant tout un ouvrage technique. S’inscrivant en faux contre cette idée, le rapport affirme que le bâtiment est un service rendu à un usager. Dans ce cadre, l’innovation n’est plus « une réponse technique à un problème technique ». Elle ne doit « servir qu’un seul objectif, celui de répondre au besoin de l’utilisateur des bâtiments ».
La troisième idée dominante contestée est celle de l’obligation de moyens des professionnels. Il convient aujourd’hui de passer à « l’obligation de résultats et à l’exigence de performance globale ». La performance globale concerne non seulement l’énergie, mais aussi l’environnement, la santé et l’usage. « Le confort se retrouve dans la performance d’usage ». Cette performance globale doit être, dans ses différentes dimensions, réelle, mesurée et vérifiée.
Le rapport fait ensuite 18 propositions concrètes pour favoriser l’innovation dans les trois grandes étapes de son développement: l’émergence, l’accès au marché et l’appropriation.

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1.OCDE, Manuel d’Oslo, « Principes directeurs pour le recueil et l’interprétation des données sur l’innovation ». 2005 (Troisième édition).

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