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L’art de la taxe

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Nous ne sommes plus à un paradoxe près. En votant une augmentation de 20 % de la taxe des bureaux dans les quartiers d’affaires, l’Assemblée nationale donne un signal confusant pour l’attractivité de la place de Paris. D’autant plus dommage – ou dommageable – que la fenêtre de tir n’aura jamais été favorable pour « vendre » Paris sur la scène internationale. Londres est fragilisé par l’interminable Brexit. Le moteur économique allemand commence à donner des signes de faiblesses. Ni l’Europe du Sud, ni le Benelux n’ont la taille critique pour devenir des alternatives pour les investisseurs. Le comble est même atteint quand on justifie une telle surtaxe pour financer le Grand Paris… censé renforcer l’attractivité de la région francilienne.

Comme à l’accoutumée, deux visions de la fiscalité s’affrontent. Les uns n’y voient dans une taxe que l’extension d’un martinet qui viendrait punir les premiers de cordées. Patrick Devedjian (LR) dénonce « un coup de poignard dans le dos » des spadassins en première ligne de la grande bataille que se livrent les territoires. Les autres, à l’image de Stéphane Peu (PCF), un outil d’équité qui vient corriger les supposées dérives d’un système trop libéral et un rééquilibrage « entre les territoires où il pleut toujours et ceux qui sont asséchés ».

Le gouvernement tente de minimiser l’impact d’une telle mesure, qui ne coûterait que 1 % du loyer hors charges. C’est un peu vite oublier que la taxe avait déjà augmenté de 10 % l’an dernier. Les petits ruisseaux fiscaux font les grandes rivières.

En vérité, ce qui est regrettable dans cette affaire, c’est la persistance de l’instabilité fiscale qui, in fine, nuit à la visibilité des entreprises, et freine en conséquence leurs investissements. Finalement, cet exécutif ne se distingue pas de ses prédécesseurs. Derrière l’instabilité, on pourrait y ajouter la lassitude fiscale qui frappe y compris les membres de la majorité présidentielle. En allant un cran plus loin, on peut s’interroger sur la cohérence d’un tel dispositif. Une taxe premium vient marquer un peu plus les frontières territoriales que d’aucuns décrivent volontiers comme des fractures. Plutôt que de les stigmatiser, il serait peut-être plus efficace de les estomper.

La seule chose qui est stable, c’est le réflexe de recourir systématiquement à une taxe. Cela en devient en lassant.

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