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Au feu !

© Business Immo. Image de couverture : Mat Let

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » En 2002, Jacques Chirac prononce devant l’assemblée plénière du IVe Sommet de la Terre un discours prophétique sur l’un des défis (si ce n’est LE défi) que doit relever l’humanité. Et depuis, qu’avons-nous fait pour éteindre l’incendie ? 

Beaucoup de discours et de colloques allant même jusqu’à une convention citoyenne censée exprimer les inquiétudes et synthétiser les propositions des Français en la matière. Des mesures chocs sur le plan médiatique à défaut de prouver leur efficacité sur le terrain, à l’exemple de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Quelques embryons de réformes, aux premiers rangs desquelles figurent les lois Grenelle dont on conserve un goût d’inachevé. Et surtout, un échec, celui de la taxe carbone qui avait le mérite de mettre un prix du CO2, mais qui a surtout mis les Bonnets rouges, puis les Gilets jaunes dans la rue. 

Longtemps ignorée, la question climatique s’est invitée à l’agenda des acteurs immobiliers. Pointés un peu facilement du doigt par la vox populi, les grands investisseurs orientent, partout dans le monde, leurs capitaux vers un immobilier bas carbone. La manne financière qui s’annonce sera la promesse de développer un immobilier plus responsable. 

Car au fond, il n’y a que deux grandes manières de lutter contre le réchauffement climatique. En jouant sur le passif et en privilégiant la sobriété au risque de basculer dans une forme de décroissance. Ou en travaillant sur l’actif et en misant sur l’innovation, quitte à tomber parfois dans le gadget et le futile. La vérité, comme souvent, sera à chercher entre les deux voies.

Les acteurs de l’industrie immobilière ne peuvent faire abstraction d’une nécessaire sobriété de leurs programmes et de leurs actifs. Pas seulement sur le plan énergétique, mais en intégrant toute la composante environnementale du cycle de vie d’un bâtiment. Cette sobriété devra s’étendre à l’empreinte foncière laissée sur les territoires avec une équation qui semble impossible à résoudre quand un pays est en croissance démographique : zéro artificialisation nette.

Il faudra donc faire preuve d’innovation dans la manière de construire le parc immobilier de demain, de rénover celui d’aujourd’hui, de recycler celui d’hier. De le modeler en fonction des usages, ceux que l’on connaît comme ceux que l’on n’a pas encore imaginés. Bref, être agile, plus que résilient.

Mais il faudra aussi l’appui du politique. Celui-ci a le choix de mettre l’immobilier sous cloche, avec une politique malthusienne qui paradoxalement favorisera la rente si facilement dénoncée par les mêmes. Ou alors, il fait confiance à la responsabilité des acteurs immobiliers du marché, privés comme publics, en libérant le secteur du carcan réglementaire.

Le virage de l’immobilier durable est pris, ce qui compte maintenant, c’est la vitesse d’exécution.


Édito du dernier magazine Business Immo 167.

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