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Pourquoi le coronavirus (et ses complices) n’ont pas eu la peau du centre commercial

Le centre commercial Beaugrenelle à Paris 15e © Xavier Lahache pour Business Immo

Les centres commerciaux sont-ils devenus « has-been » ? Question taboue que personne n’osait se poser dans les allées du SIEC. Et pourtant, à entendre ses détracteurs, ils seraient le reflet du monde d’hier, polluant et consommateur d’un foncier que l’on doit désormais préserver, délaissés par les clients qui font leur shopping du bout de leurs doigts, peu performants au point d’en détourner tout intérêt pour les investisseurs institutionnels.

La réalité n’est pas si manichéenne que certains le prétendent. Si la filière des centres commerciaux a été « cabossée » par la crise sanitaire, elle en est sort vivante, peut-être fragilisée à certains endroits, renforcée et endurcie à d’autres. On l’a annoncé morte en raison de la croissance exponentielle du e-commerce. La réalité est, qu’une fois les centres rouverts, la fréquentation reprend. Les chiffres d’affaires aussi. Et par effet papillon, l’intérêt de quelques investisseurs qui voient dans la prime de risque actuelle une fenêtre de tir potentiel.

Soyons honnête, le challenge pour les bailleurs est encore aujourd’hui de faire rentrer les loyers, demain de les préserver peu ou prou à leur niveau historique et d’aller chercher de la valeur en inversant la courbe de la vacance commerciale. Oui, asset manager dans le secteur de l’immobilier de commerce n’est pas le métier le plus facile du moment.

Une fois admis que le coronavirus n’aura pas la peau du centre commercial, en quoi est-il important de se pencher sur son avenir ?

Pour des raisons économiques d’abord. La France dispose de champions en la matière. Des grandes foncières cotées qui rayonnent au-delà des frontières hexagonales et qui ont acquis un véritable savoir-faire. On peut railler les soi-disant errements stratégiques d’Unibail-Rodamco avec Westfield, on ne peut remettre la qualité des équipes qui ont façonné l’histoire de ce groupe et irrigué l’industrie immobilière. Alors pourquoi en France faut-il toujours débiner les premiers de cordée plutôt que de s’appuyer sur eux ?

Mais c’est surtout autour des enjeux urbanistiques qu’il faudrait troquer la lutte des castes au profit de l’intelligence collective. Le commerce est et restera la première brique de la reconstruction de la ville sur elle-même. Quelle soit du quart d’heure ou de la seconde. L’exécutif s’est senti le besoin d’ériger un moratoire sur le développement des équipements de commerce en un article de loi pour calmer la vox populi. Il fait fausse route.

Sa volonté de réduire l’artificialisation des sols est un objectif vertueux et intelligent, mais plutôt que de mettre sous cloche des territoires, il devrait leur fournir une boîte à outils bien rangée, accompagnée de son mode d’emploi simple et lisible de tous. Qu’il s’agisse de cicatriser certaines entrées de ville, de redynamiser des centres-villes ou de participer à la création de nouveaux quartiers, le commerce est un puissant levier sur lequel peuvent s’appuyer acteurs publics et privés des territoires.

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