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Bien-être et productivité ne sont pas antinomiques !

Contribuer au bien-être des salariés, c’est avant tout leur permettre d’exercer dans les meilleures conditions possibles

Publi-rédactionnel en partenariat avec Quadrilatère

© DR

Comment concilier recherche de rentabilité et bien-être des salariés ? C’est une question que nous avons posée à Emma Pitzalis, psychologue clinicienne, et Emmanuel Fougère, PDG de Quadrilatère et spécialiste de l’aménagement d’espaces. Entretien à deux voix pour une vision plus humaine du travail.

Quelles sont les transformations majeures que vous avez pu identifier récemment sur le marché du travail ?

Emma Pitzalis : De par mon activité de consultante, j’ai pu constater une tendance, ces dernières années, à perdre de vue le savoir-faire des travailleurs. Les dirigeants sont désormais très soucieux du bien-être de leurs salariés, ce qui est évidemment une bonne chose, mais parfois au détriment des compétences métiers. Pourtant, contribuer au bien-être des salariés, c’est avant tout leur permettre d’exercer leur métier dans les meilleures conditions possibles. Il peut être utile de rappeler ici que la mission première de l’entreprise est de produire, que ce soit des biens ou des services. Or, chercher le bien-être pour le bien-être ne fonctionne pas, et cela ne permet pas non plus d’améliorer la productivité.

Emmanuel Fougère : J’ajoute qu’en perdant de vue la mission principale de l’entreprise, qui est de produire de la valeur, on crée des silos où plus personne n’a de vision globale de la chaîne de valeur. Chaque employé devient alors un simple « pousse-crayon », sans la conscience satisfaisante de participer à un tout. Il faut avant tout comprendre ce que fait l’entreprise, et comprendre ce que font les collaborateurs. Le bien-être est une conséquence, non une fin en soi.

Ligne d’assemblage aux Usines Ford en 1913 

 

Et concernant les espaces de travail eux-mêmes ?

EF : L’entreprise doit répondre aux transformations du marché du travail : télétravail, temps partiel, travail en équipe, etc. et adapter ses espaces en conséquence, dans les limites du budget alloué à son aménagement ! La tendance est donc clairement au flex office, où les places ne sont pas attribuées. Pour autant, la difficulté est que chaque être humain est différent et cette organisation ne conviendra pas à tout le monde…

EP : Je me permets ici de préciser que si chaque être humain est différent, il y a néanmoins des invariants. Nous avons tous besoin d’immuable, d’une certaine routine. Quand il y a trop d’incertitude, on dépense de l’énergie pour se recréer un cadre rassurant. Par exemple, un collaborateur dont la place « habituelle » est soudainement occupée peut passer beaucoup de temps à chercher un nouveau poste de travail. Autre constante, nous avons tous besoin d’un sentiment d’intimité et, quand l’open space ne le permet pas, les employés ont tendance à réinventer les murs en portant un casque toute la journée ou encore en envoyant des mails aux collègues situés à quelques mètres d’eux plutôt que de leur parler directement. Ce n’est pas forcément une bonne chose pour le fonctionnement de l’entreprise.

Les bureaux de Quadrilatère à Paris 

Comment concilier les besoins de chacun quand on est un concepteur et réalisateur d’espaces de travail comme Quadrilatère ?

EF : On place l’humain au cœur de la réflexion. Le client peut avoir des contraintes techniques et/ou économiques, mais nous cherchons toujours à le convaincre que l’investissement dans le capital humain est indispensable. Il faut s’intéresser aux tâches que les employés ont à mener, à l’organisation de leur journée de travail, identifier leurs besoins fonctionnels en espaces de concentration et d’échanges, pour proposer l’aménagement et le mobilier les plus adaptés. En tant que concepteurs, nous pouvons concilier toutes ces contraintes.

EP : Certains espaces de travail peuvent être anxiogènes pour les collaborateurs et il ne faut parfois que quelques euros de plus et un peu de créativité pour améliorer les choses. Par exemple, pour recréer un sentiment d’intimité dans un open space, il est possible de doter les collaborateurs d’une « toolbox » afin qu’ils puissent transporter leurs affaires facilement. On peut aussi penser à des meubles-paravents… J’ai moi-même constaté chez un client une augmentation de la productivité entre un étage qui avait mis en place ces petites choses et un autre qui ne bénéficiait pas de ces aménagements.

EF : Encore une fois, il faut revenir aux fondamentaux : certains de nos clients veulent aménager des open spaces pour que leurs collaborateurs « communiquent » entre eux, alors que ce n’est pas forcément nécessaire à leur travail, qu’ils ont autre chose à faire et que cela pourrait nuire à leur productivité. Il faut donc définir clairement en amont les objectifs de l’aménagement en associant la volonté managériale avec la cohérence opérationnelle pour les collaborateurs.

Les différents espaces de travail collaboratif de Contentsquare à Paris 

 

Puisqu’il s’agit d’investir dans le capital humain, comment rendre compte du retour sur investissement dans ce domaine ?

EF : En tant que dirigeant d’entreprise, j’ai moi-même la profonde conviction qu’investir dans le capital humain est rentable ; je ne ressens donc pas le besoin de le mesurer. Mais il y a évidemment des indicateurs à suivre comme le taux de turn-over par exemple. Quand il dépasse un certain seuil, on peut légitimement penser que l’entreprise n’a pas assez investi dans son capital humain…

EP : Des études ont mesuré l’impact de cet investissement. La plupart établissent leurs conclusions au regard des cotisations d'accidents du travail et maladies professionnelles, du coût de l’absentéisme, du coût de rotation du personnel. Toutes les études françaises et européennes démontrent un bilan positif avec un ROI compris entre 1,01 € et 5 € pour chaque euro investi. Ce ratio peut monter jusqu'à 13 dans le monde anglo-saxon (Canada, États Unis, Angleterre), différence qui s’explique notamment par la structure du système de prise en charge. Le « payback » de ces études est compris entre deux trimestres et trois ans, et le ROI positif peut s'étendre jusqu'à cinq ans après le déploiement de l'action étudiée. Par ailleurs, une enquête de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) publiée en 2020 sur la corrélation entre la prévention et la performance économique des entreprises a conclu que « le tiers des entreprises qui investissent le plus dans la prévention sont en moyenne 62 % plus productives que le tiers des entreprises qui investissent le moins » et « leur taux de marge, leur rentabilité brute d’exploitation et leur rentabilité financière sont également supérieurs ». L'Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) était déjà arrivé à une conclusion similaire en 2013 : les actions menées en entreprise en faveur de la prévention et de l’amélioration des conditions de travail sont définitivement des facteurs économiques positifs pour l’entreprise.

Quadrilatère sera présent au SIMI 2021 en tant que Parrain du Club, retrouvez-les au niveau 3. 

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