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Faut-il croire Uncle Larry ?

Larry Fink © DR

Chaque année, Larry Fink écrit à ses actionnaires. Messie de la finance pour les uns, incarnation diabolique du capitalisme mondial pour d’autres, le puissant patron de BlackRock livre sa vision du monde et des marchés. Et cette année 2022 pourrait marquer un véritable tournant dans l’histoire économique récente.

La raison ? L’agression de la Russie sur l’Ukraine. C’est la première fois en Europe depuis 80 ans qu’un pays souverain tente d’envahir un autre pays souverain. Pour Larry Fink, cette attaque sonne la fin de la mondialisation telle que nous la connaissons depuis la chute du mur de Berlin. La fin d’un système sur lequel a prospéré BlackRock, devenu le premier investisseur au monde avec 10 000 Mds$ d’actifs gérés. Mais il n’est pas le seul. Libéral convaincu, Larry Fink loue les « dividendes de la paix » et se réaffirme volontiers partisan de la mondialisation et de l’accès aux capitaux mondiaux — « un privilège, pas un droit » — qui ont porté la croissance mondiale ces trois dernières décennies.

Trois décennies au cours desquelles nous avons assisté à une financiarisation du secteur immobilier, en version accélérée en France. Avec ses excès parfois, mais aussi ses bénéfices avec l’émergence d’une filière qui emploie plus de 2,2 millions de personnes et représente 11 % du PIB. L’une des premières industries françaises que la quasi-intégralité des décideurs publics n’a pas encore appréhendées.

Le conflit armé à nos portes devrait donc accélérer le mouvement inéluctable de relocalisation engagé (au moins dans les esprits) dès le déclenchement de la crise du Covid-19. Une tendance qui peut sembler positive pour le secteur immobilier appelé à accompagner cette réindustrialisation annoncée de l’Europe et de la France, à condition que cette dernière poursuive une stratégie claire et volontariste initiée par le plan France Relance. En deux mots, une baisse des impôts de production pour avoir une fiscalité plus cohérente par rapport à ses voisins et surtout un toilettage du carcan administratif qui complexifie et freine tout projet d’implantation.

L’autre impact de la guerre en Ukraine — dont Larry Fink estime qu’il se « répercutera pendant des décennies, d’une manière que nous ne pouvons pas encore prévoir » — porte sur la dimension énergétique. Le conflit vient heurter l’agenda climatique sur lequel un consensus mondial commençait à peine à se dégager. À court terme, la progression du monde vers le « zéro carbone net » sera freinée par la recherche de nombreux pays de nouvelles sources d’énergie. Mais, à plus long terme, la situation devrait accélérer le passage vers des sources d’énergies plus vertes. « La transition énergétique ne se fera pas du jour au lendemain », estime Larry Fink qui plaide pour une politique des petits pas, « du brun au brun clair, puis au vert clair et enfin au vert ». La question est de savoir si nous avons encore le temps.

La lettre de Larry Fink à ses actionnaires — https://www.blackrock.com/corporate/investor-relations/larry-fink-chairmans-letter

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