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Point de vue de François Gagnon

Apaiser la France du logement

La nation a choisi, et dans quelques jours le Président Hollande succèdera au Président Sarkozy. C'est aussi une nouvelle politique du logement qui s'imposera. Sait-on vraiment si l'autre finaliste aurait mené une politique vraiment différente ? A y regarder de près, les diagnostics étaient bien proches, et les solutions ont fini par se ressembler étrangement, avec certes des discours idéologiques différents, mais des solutions pratiques étonnamment proches. Au nom des professionnels de la transaction, je voudrais envoyer quatre messages au Président de la République élu.

Le premier message consiste à vouloir que le logement soit une priorité de l'action publique, et pas une préoccupation de circonstance. J'ai profondément regretté qu'il n'ait même pas été abordé lors du débat entre les deux finalistes, pour preuve qu'il n'a pas rang de sujet de fond.

Le deuxième message est relatif à la méthode politique elle-même. De grâce, que les choix qui vont être faits ces prochaines semaines soient simples et stables. Les dernières années ont agité l'univers de la construction et du logement comme il ne l'avait jamais été... au point qu'il est même difficile de dire si la politique a été bonne ou mauvaise : elle a changé si souvent qu'on ne peut discerner de ligne. Ménages candidats à l'accession, investisseurs, promoteurs, constructeurs aspirent à la visibilité durable et en premier lieu à la lisibilité du cadre règlementaire.

Le prêt à taux zéro et le dispositif Scellier, par exemple, ont fait l'objet de multiples modifications, et leurs contours ont fini par être torturés et rendus incompréhensibles par le public. La plupart des aides populaires ont été secouées : la garantie des risques locatifs existe-t-elle vraiment et comment fonctionne-t-elle ? A quoi sert le 1% logement (Action Logement désormais) après les ponctions successives ? Que veut-on en matière de développement durable, entre l'intégrisme qui coûte et la modération réaliste ? Pour les professionnels euxmêmes, le cadre d'exercice a été retouché par trop de textes, certains opportuns, d'autres excessifs, alors que des réformes utiles et consensuelles, telles la mise en oeuvre d'un urbanisme de projets ou encore l'édification d'un Conseil supérieur des professions immobilières, étaient laissées en jachère.

La méthode de présidence de la France, c'est aussi le respect des corps intermédiaires : Monsieur le Président élu, écoutez les professionnels d'abord, puis, bien sûr, en votre âme et conscience, tranchez et prenez vos responsabilités. Mais ne donnez plus le spectacle de décisions soudaines, mal pesées, pas expliquées, alors qu'elles sont porteuses de lourds enjeux pour les Français et pour l'industrie immobilière.

Mon troisième message est une mise en garde contre l'idéologie et les idées reçues. Non, les rapports entre propriétaires et locataires ne ressortissent pas à une guerre de religion. Non, tout dispositif fiscal pour favoriser l'investissement n'a pas vocation à être détourné de son usage originel. Non, le logement ne se résume pas à la construction neuve, aussi indispensable soit-elle pour renouveler le parc et soutenir la croissance. Non, le logement social ne peut seul répondre aux besoins. Non, l'accession ne doit pas récapituler tous les efforts, et le statut locatif est une alternative nécessaire.

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