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Et Montebourg créa le ministère de l’effondrement de l’industrie immobilière

Photo d'archives © PHILIPPE HUGUEN AFP

L’original est encore plus caustique que la marionnette. Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a fait sa traditionnelle sortie de piste. Cette fois  sur l’immobilier, sommé de venir en aide à l’industrie française car coupable – je cite – d’être l’un des « secteurs abrités de l'économie (…) qui font beaucoup d'argent sans finalement trop se fatiguer ». Une phrase tout aussi choc que stupide. Une « ânerie » dirait le maître à son élève.

L’immobilier, secteur à l’abri ? C’est oublier qu’il y a pas plus corrélé à l’économie que ce secteur. L’immobilier est, par essence, une activité cyclique qui ne peut s’affranchir du contexte macro-économique. Il y a bel et bien un avant et un après Lehman Brothers dans l’économie réelle, comme dans l’immobilier. Zéro pointé pour l’un des sous-ministres de Bercy.

« Qui fait beaucoup d’argent ». Certes, les enjeux sont énormes dans l’immobilier, aussi bien pour un particulier qui en fait l’achat de sa vie, que pour des institutionnels qui y mobilisent quantité de fonds propres. Mais, les risques sont plus importants qu’il n’y paraît. C’est un peu confondre volume d’activité avec chiffre d’affaires, ou résultat avec niveau de marge. Une confusion un peu dérangeante pour un ministre qui prétend s’immiscer dans l’économie.

« Sans trop se fatiguer ». On ressort la vieille image d’Epinal, celle des caricatures de Daumier qui symbolise à l’excès la rente immobilière. Plaisant quand on lit Zola. Plus incongrue au 21e siècle.

Mettre à contribution l’immobilier pour relancer la compétitivité de l’industrie française revient tout simplement à augmenter les impôts des particuliers. Avec deux dangers. D’abord, celui de casser une filière des services immobiliers qui, comme le rappelle à escient Jean-François Buet, le président de la Fnaim, représente 30 000 entreprises et pèse 200 000 emplois. Ensuite, de dégoûter définitivement les investisseurs, particuliers comme institutionnels, de la pierre à l’heure où les besoins en logement sont criants. On aura beau jeu de pleurer les emplois perdus dans le bâtiment.

Après les querelles de clochers entre politiques qui menacent la pérennité du Grand Paris, voici que les bons mots d’un ministre jettent un secteur à la vindicte populaire. Pour ceux qui rêvaient d’un ministère de l’immobilier à part entière, le réveil est douloureux. En fait, nous avons hérité d’un ministère de l’effondrement de l’industrie immobilière.

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