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Point de vue de Nicolas Bauer, Singer & Hamilton

La délocalisation des compétences… et pourtant l’immobilier français a des atouts

Dans ma précédente « lettre » j’exposais des ‘’faits’’ relatifs aux départs de talents vers l’étranger pour des raisons principalement fiscales. Les réactions face à cet article m’incitent à poursuivre mon raisonnement.

Le discours d’une grande partie des agents économiques (entreprises et ménages) est devenu épidermique et polémique. Or, l’acte d’investissement ou d’épargne doit être fondé sur un comportement rationnel. Nos points forts économiques et sociaux sont connus :

  • Des infrastructures de qualité,
  • Une main-d’œuvre qualifiée,
  • Une forte productivité du travail,
  • Des grandes entreprises performantes au savoir-faire reconnu internationalement,
  • Un marché de taille significatif,
  • Une croissance démographique dynamique,
  • Une situation géographique au cœur de l’Europe,
  • Une couverture médicale et sociale enviable,
  • Une qualité de vie très exceptionnelle,
  • Des taux d’intérêts faibles et des liquidités importantes.

Nos points faibles sont chroniques depuis 30 ans et non depuis mai 2012 :

  • L’instabilité fiscale,
  • La rigidité du droit du travail,
  • Le coût du travail.

Dans ce contexte, notre secteur immobilier est le parfait reflet de nos faiblesses mais surtout de nos forces qui sont très nombreuses :

  • Le marché immobilier d’entreprise de l’Ile de France est le plus important d’Europe devant celui du Grand Londres. Il est le second marché mondial avec 52 millions de m² de bureaux (23 % du parc français), 22 millions de m² d’entrepôts (logistique ou stockage), 10 millions de m² de commerces de plus de 1 000 m² et 4 millions de m² de commerces de centre-ville, de taille inférieure. Il est le 5ème employeur privé avec plus de 300 000 emplois.
  • Les perspectives économiques et sociales relatives au Grand Paris (11,3 millions d’habitants) doivent générer des investissements et des recrutements significatifs même en période de crise économique. L’impact sera immédiat dans le transport, dans la multiplication de l'offre de produits immobiliers (bureaux, commerces, zones logistiques, hôtels, locaux industriels, immeubles à vocation médicale ou paramédicale, universitaire…), dans la variété de l’offre locative, dans la transparence et la liquidité du marché…
  • L’immobilier français d’entreprise reste une classe d’actifs défensive face à des produits de marchés volatiles dans un contexte de forte liquidité des investisseurs institutionnels. Par ailleurs, ses perspectives peuvent s’avérer intéressante dès lors qu’une correction des valeurs se réaliserait à la suite des nombreuses livraisons de bureaux attendues sur les trois prochaines années ou d’une (perception de) reprise économique.
  • La fiscalité française des entreprises relative aux investissements immobiliers n'est ni prohibitive, ni confiscatoire.

Dans cet environnement ‘’rationnel’’, l’appétit des investisseurs institutionnels français et étrangers devraient se maintenir voire s’accroître.

Ces acteurs devraient arbitrer, investir voire recruter. L’espoir reste donc intact quand la polémique cède la place à l’analyse.