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Le petit Paris de Mr Contassot

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Attention, trop d’emplois peut être nuisible… En tout cas pour certains élus locaux. A Paris, par exemple, quand on écoute Yves Contassot, éminent conseiller EELV (Europe Ecologie Les Verts), reprocher à l’exécutif parisien sa politique en matière d’immobilier de bureaux. « D'une certaine manière (...) Paris privilégie la rente liée à l'activité sur la création des logements », a-t-il déclaré au cours d’un débat au dernier Conseil de Paris sur le SDRIF (Schéma directeur régional de l’Ile-de-France). Et l’élu avance des arguments chocs, limite choquants. « Paris concentre déjà un nombre d'emplois bien supérieur à sa population active », avance-t-il, chiffres à l’appui : près de 150 000 emplois créés depuis 1999 dans la capitale. On devrait plutôt s’en féliciter, même si l’on ne peut que regretter que le nombre d’habitants n’ait pas augmenté dans de telles proportions. De là, à dire que Paris vole les emplois de la banlieue, il y a quand même un pas à ne pas franchir. Ou plutôt si, celui du périphérique qui étouffe la capitale dans son développement urbain et économique, et obstrue la vision de certains décideurs publics.

La salve de Contassot vise avant tout à critiquer le ratio entre logements et bureaux. Lequel d’ailleurs est au centre d’une lutte intestine entre Bertrand Delanoë, le maire PS de Paris, et Jean-Paul Huchon, le président PS de la Région Ile-de-France. Le SDRIF, voté par la région, assigne à la ville de Paris une production de 3,8 logements pour un emploi créé. La mairie a calculé que cela reviendrait à produire 13 m2 de logements pour 1 m2 de bureau. Bien évidemment, elle conteste cet objectif, d’autant qu’avec 5,5 m2 de logement pour 1 m2 d’activité, elle a fait mieux que la précédente convention d’équilibre qui fixait un ratio de 2,7 m² de logement pour 1 m² de bureaux. Bertrand Delanoë a raison de vouloir des objectifs chiffrés habitat-emploi par département, plutôt que des indicateurs sortis des têtes savantes dignes d’un ministère du Plan.

Derrière la petite querelle se cachent de réelles problématiques d’équilibre de la ville, et, en corollaire, d’attractivité du territoire. L’enjeu est important pour la région francilienne où pointe une inadéquation croissante de l’offre à la demande en raison d’une pénurie structurelle de logements et d’une obsolescence galopante du parc tertiaire. Le problème est bel et bien identifié – souvent par les acteurs immobiliers, les premiers concernés – mais les pistes restent plus que floues. L’une d’entre elles serait certainement de faciliter la reconversion d’immeubles devenus inadaptés à leur destination d’origine. On pense bien évidemment à la transformation de bureaux en logements, en ne se limitant ni à Paris intra-muros, ni aux seuls immeubles haussmanniens dont certains n’ont gardé du Baron que leur façade. L’ORIE (Observatoire régional de l’immobilier d’entreprise), qui planche sur le sujet depuis des années, va d’ailleurs présenter ses premières pistes le 14 février prochain. En proposant des solutions concrètes et en faisant fi des remparts physiques ou administratifs qui pèsent sur la première région économique de France. Un conseil, invitez Mr Contassot.

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