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Point de vue d'Alain Béchade, CNAM

L’immobilier et la Samba des taux bas

La contestation du peuple brésilien est aussi forte qu’imprévue …pour qui ?

Résumons-nous : parce que le football serait un dieu brésilien, une caste prend en son nom des mesures économiquement insupportables tant elles sont éloignées de la réalité tangible d’un peuple qui subit une situation économique et sociale, qu’il a lui-même contribué partiellement à créer. A habituer un peuple à recevoir sans donner, on croit qu’on peut lui prendre ce qu’il ne peut pas donner ; pour faire son bonheur (bien sûr ) au nom d’un dieu auquel il ne croit plus parce qu’on l’a vendu à d’autres. Le Dieu football est pour le brésilien ce que le Dieu Taux bas est pour l’européen : celui des autres.

Et l’immobilier français dans tout cela ?

Les marchés (pas seulement immobiliers) sont drogués à la liquidité, les élus sont drogués à la fiscalité, les citoyens sont drogués à la charité ( publique ) : plus personnes n’agit avec rationalité. « On » prend donc des mesures économiquement insupportables pour donner plus à ceux qui ne donnent rien, au nom d’une idéologie qui pense pouvoir prendre plus à ceux qui donnent beaucoup, contraints par une déesse à laquelle ils ne croient plus car vendue à d’autres. Et on s’étonne après !

Par exemple : peut-on raisonnablement dire que les taux financiers étant très bas c’est le moment d’acheter de l’immobilier : mais quoi et à quel prix ? L’argument des taux bas touche à sa fin et heureusement ; les taux bas financent la finance pas l’économie, et les liquidités dopent les marchés financiers pas les emplois : même Bernanke s’en est enfin aperçu. La relance par les taux bas ou nuls ça ne marche plus. Demandez au Japon. Ce n’est pas l’achat qui compte mais l’avenir de l’actif.

Combien de temps encore l’immobilier d’entreprise financiarisé va-t-il utiliser la supercherie des loyers commerciaux « faciaux » afin de gonfler une valeur qui ne correspond plus au prix, afin de faire croire que l’on donne à certains ce que d’autres attendent de leur prendre.

La correction des prix (ou des valeurs ?) de l’immobilier est économiquement souhaitable ; l’immobilier représenterait 19 % de notre richesse (IEIF) ce qui est trop, car il mobilise trop de ressources qui pourraient être investies dans la production industrielle et de services. Les exemples récents de l’Espagne et de l’Irlande nous le rappellent : quand l’immobilier dépasse 5 à 6 % du PIB (et 6 % des emplois), il se met en danger, l’économie avec… la suite est connue.

« The Economist » rappelait en Mai dernier que seuls les pays qui avaient corrigé depuis 2007 leurs prix immobiliers connaissaient une reprise économique : USA (Immobilier logement : - 21 % ) Chine (-35 %) Japon, Irlande… La France + 34 % depuis 2007 : si nous parlions de notre PIB ?

Or, il n’y a pas de bon immobilier sans bonne économie, et non l’inverse. On ne peut pas continuer à mentir sur des valeurs : ce n’est pas sans conséquence car 64 % du patrimoine des français est immobilier.

On voudrait construire plus de logements (quelle catégorie , où , à quel prix … ?), mais on fait tout pour qu’ils ne se fassent pas : le rôle d’un Préfet n’est pas de bloquer des loyers, le devoir d’un locataire est de payer son loyer, on ne peut impunément voler un épargnant-bailleur (on le vole une fois !). La rareté foncière est plus un mythe entretenu qu’une réalité. L’immobilier a gâché beaucoup de capitaux dans des opérations à motivation purement fiscale et à fiasco annoncé ces dernières années.

La fiscalité corrompt les raisonnements immobiliers car elle n’est jamais la solution : à quand un rapport d’une commission Machin qui proposerait des solutions tangibles sans création d’impôts, de taxes ou autres redevances, vite alors détournés de leur objet par les élus pour donner à ceux qui ne donnent pas mais à qui on veut prendre ce qu’ils ne peuvent ou ne veulent plus donner, ou pire : croient ne pas avoir à le faire.

L’immobilier est une chose bien compliquée et sérieuse ... la samba aussi : le déhanchement ne suffit pas à donner la grâce. La Samba ne fait pas le carnaval .

Ah …..Le Brésil !

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