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Le Sdrif est mort. Vive le Sdrif !

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C'est un véritable projet de vie que Jean-Paul Huchon propose au travers du schéma directeur de l'Ile-de-France et qu'il entend faire adopter dès vendredi prochain. Un projet ostensiblement politique à en croire le président du Conseil régional, comme pour mieux expliquer les 10 ans qu'il a fallu pour réviser ce schéma directeur et la pléthore d'amendements et autres motions déposés par l'opposition et les différents courants politique de la majorité actuelle. On l'aura compris, expression de la gouvernance territoriale par excellence, le Sdrif est tout sauf un long fleuve tranquille.

Quelle a été la feuille de route de la région ? Jean-Paul Huchon la résume en trois principes : "cohésion", "transition écologique", "solidarité". Cohésion, c'est d'abord mettre fin à la spécialisation des territoires, un vieux réflexe d'urbanisation hérité de la charte d'Athènes. "Un aménagement à la papa que prônait Christian Blanc", s'amuse aujourd'hui Jean-Paul Huchon. La région veut développer des quartiers mixtes où cohabiteront emploi et habitat. Si possible des éco-quartiers - elle en a retenu 25 - pour concrétiser cette fameuse "transition écologique" qui se fait attendre. Une transition qui passera par une intensification de la ville - nouveau vocable pour faire passer la pilule des tours que certains ne supportent toujours pas - garante d'une maîtrise de l'étalement urbain. Le nouveau Sdrif prévoit environ 1 300 hectares urbanisables par an en 2030, contre 1 750 dans le précédent schéma directeur. "Solidarité", enfin, c'est le volet habitat où la région reprend à son compte l'objectif de 70 000 logements à construire par an en Ile-de-France.

Le volet économique est loin d'être ignoré dans le nouveau schéma directeur. On ne peut que s'en féliciter même les politiques sont des incorrigibles vendeurs d'espoirs. Le Sdrif vise la création chaque année de 28 000 nouveaux emplois, soit une croissance moyenne annuelle de 2,5 %, qui peut paraître quand même optimiste dans le contexte macro-économique actuel. Mais, la région compte s'appuyer sur la réindustrialisation de certains territoires (sont notamment cités Plaine de France, Seine Aval ou encore Seine Amont), l'implantation de grands centres commerciaux, le développement de 20 000 à 30 000 nouvelles chambres d'hôtels, ou encore la densification de pôle tertiaires, si possible à l'Est (Val-de-Fontenay, Noisy-le-Grand) ou au Nord (Saint-Denis). A voir.

En vérité, c'est le déploiement des nouvelles gares du Grand Paris Express qui va très certainement guider le développement économique de tel ou tel territoire. On en a bien conscience au siège du Conseil régional. La question que l'on peut légitimement se poser maintenant est de savoir comment le Sdrif va s'imbriquer dans le mille-feuille administratif, coincé entre une loi sur le Grand Paris et une future loi sur la métropole qui devrait se saisir de la compétence logement dans l'une des plus fortes zones de tension de l'Hexagone. Une incompatibilité des CDT, SCOT et PLU avec le Sdrif ne saurait paralyser les projets immobiliers.