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Triple peine

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Heureux propriétaire de bureaux vides. Vous qui ne touchez pas de loyers, qui devez quand même acquitter quelques menues charges et impôts, vous aurez peut-être la chance de payer une nouvelle taxe. Mais attention, celle-ci sera « incitative ». Il ne s’agit nullement de stigmatiser des investisseurs qui feraient de la rétention immobilière leur fonds de commerce – d’ailleurs on pourrait se demander quelle logique pourrait animer un investisseur à refuser de percevoir des cash-flows. Non, non, cette taxe va naturellement vous permettre de transformer votre immeuble de bureau… en logement.

Car si vous ne le saviez pas, il est possible de reconvertir votre immeuble planté – pardon vide par votre seule volonté et non en raison d’une crise économique qui affecterait la demande des entreprises. Bon, vous devez refaire un peu le bilan de votre opération, rajoutez ici une pincée de TVA non récupérable, enlevez là 10% de surface de plancher en raison des parties communes, acceptez des coûts de restructuration équivalents si ce n’est supérieurs à la construction neuve. N’oubliez pas la petite quote-part de logements sociaux qu’il faut obligatoirement inclure à Paris. Et surtout priez pour que votre immeuble ait les caractéristiques techniques rendant le scenario de la reconversion plus efficace que la démolition-reconstruction. Je ne vous parle pas ici de l’emplacement… « Cela fonctionne une fois sur vingt », nous confie un promoteur… qui a tout intérêt à pousser les investisseurs à la transformation.

Aïe… Alors que peut-on espérer d’une telle taxe si elle venait à s’appliquer dans la capitale ? Un pis-aller permettant à la municipalité d’espérer trouver quelques subsides pour boucler un premier budget que l’on annonce déficitaire de 400 M€ ? Un os à ronger pour quelques camarades dogmatiques de l’actuelle majorité ? Un signal fort de l’attractivité économique de la ville de Paris que l’on vante à tout bout de champs ? Le sésame pour résoudre enfin la crise du logement ?

Le coup de la taxe sur la vacance, on nous l’a servi dans le résidentiel par le passé. Inventée en 1998 – et jamais remise en question depuis - pour lutter contre le déséquilibre entre l’offre et la demande de logements. Avec le succès que l’on connaît. Effectivement, les biens sont revenus massivement sur le marché. Les propriétaires-bailleurs, vils financiers et spéculateurs par essence, se sont empressés de baisser leur exigence de loyers pour loger des familles dont certaines font la queue devant les HLM depuis des années. La crise du logement a été enfin résorbée. D’ailleurs, le secteur a fait l’économie de la loi Alur ! C’est vous dire si ce genre de dispositifs est efficace.

Mots-clés : Alur