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Point de vue de Norbert Fanchon, groupe Gambetta

Considération de façade

Norbert Fanchon, président du directoire du groupe Gambetta, fait part de sa déception suite aux dernières décisions du gouvernement en matière de logement.

Qu'est-ce que la politique ? C'est d'abord la structuration de notre société, la définition des équilibres, des actions et des développements en fonction des valeurs et des engagements des femmes et des hommes qui l’incarnent. Les ménages et la communauté immobilière ont cru, à écouter le Premier ministre présenter à la rentrée un plan de relance volontariste, que le logement était enfin devenu la priorité des priorités. Ils ont d'ailleurs trouvé normal qu'on s'emploie à ranimer un malade au bord de l'asphyxie : tout autre choix n'aurait pas tenu compte des préoccupations des Français ni de la situation économique de le France

La cascade de décisions de ces derniers jours, prises à la faveur de l'examen du projet de loi de finances initial pour 2015, a détrompé les professionnels comme les particuliers. Pas moins de trois mesures assassines ont été prises, sous réserve qu'aucune autre n'ait échappée à la vigilance : les aides personnelles à l'accession à la propriété, après avoir été condamnées, sont en sursis pour un an ; les départements, initialement autorisés pour deux ans seulement à augmenter leur part des droits de mutation de 3,8 % à 4,5 %, pourront maintenir leur décision au-delà de cette période et la rendre définitive. Enfin, la possibilité que Sylvia Pinel avait ouverte dans son dispositif d'encouragement à l'investissement locatif de louer à des ascendants et à des descendants risque fort de ne pas survivre à l'examen du projet de budget.

Pourtant, le pire n'est peut-être pas là. Le pire, c'est que le Président de la République, s'exprimant il y a quelques jours, sur une chaîne et à une heure de grande audience, n'ait pas eu un mot pour le secteur le plus atteint par les circonstances économiques et le plus paralysé par l'interventionnisme de l'Etat. La France a mal au logement. La construction résidentielle neuve chute en-dessous des 300 000 unités, des dizaines de milliers de ménages se désespèrent de ne pas accéder à la propriété, quelque 40 000 emplois ont été détruits... et le sujet n'a même pas évoqué !

Du coup, à la satisfaction d'avoir cru être entendus par nos gouvernants, succède la déception. C'est un sentiment qui taraude aussi bien les acteurs de la filière que les familles. Un sentiment terrible. L'impression que la considération exprimée naguère pour permettre à tous d'accéder à un logement n'était que de façade ? Il est grand temps de sortir la logique du comptable.

Il manque à la France un souffle, une vraie politique du logement, qui fuit la courte vue et mise sur la croissance à moyen terme. Le logement est un fabuleux moteur de relance économique et un gage de paix sociale.

 

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