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Point de vue de Louis-Philippe Barban, Geolocaux

[POINT DE VUE] Le boom des nouveaux modèles de bureaux

L’époque des locaux professionnels « classiques » définis par des bureaux avec salle de réunion et salle de repos semble révolue. Véritables phénomènes de mode, les solutions alternatives séduisent de plus en plus d’entreprises. Coworking, baux de courte durée ou encore télétravail : quel modèle est adapté à sa société ? Quels en sont les avantages et les inconvénients ? A quel stade de son développement ces nouveaux formats sont-ils les plus adaptés ? Quand faut-il se tourner vers un modèle plus « traditionnel » ? Petit tour d’horizon des nouvelles modes en matière de bureaux professionnels.

La flexibilité des contrats de location

Peu médiatisés il y a encore quelques années, les principes de bail de courte durée ou de sous-location séduisent aujourd’hui un grand nombre d’entreprises. Si jusqu’alors on voyait plutôt d’un mauvais œil un contrat de location à courte durée ou un partage de locaux avec une société tierce, les mentalités ont bien évolué et la crise a accéléré la tendance. Une étude réalisée par le site Particulier à Particulier met en évidence que 58% des Français envisagent de louer leur domicile pendant leurs vacances. Particuliers ou entreprises, l’idée a fait son petit bout de chemin en quelques années. Les contrats à courte durée sont théoriquement un système gagnant-gagnant, tout comme la sous-location : Le propriétaire profite de revenus supplémentaires et optimise des bureaux jusqu’à présent inoccupés en les proposant à une société en contrepartie d’un loyer.

Pour une jeune start-up, une location de courte durée est par exemple un bon moyen pour démarrer : peu de frais, engagement restreint, éventuel partage des salles de réunion ou de repos… Le « contrat » se fait souvent de manière informelle, en fonction des besoins de chacun. Prudence néanmoins quant aux dérives : il est sage de vérifier qu’une entreprise locataire ait l’approbation de son propriétaire pour sous-louer une partie de ses locaux. Il est également indispensable d’établir un contrat de bail comme toute location classique. Si une location de bureaux à courte durée ou une sous-location sont des procédés très pratiques pour commencer son activité, il sera nécessaire de se tourner vers des bureaux traditionnels lorsque les effectifs croissent et que l’activité se développe.

Le coworking

Démarche en vogue, le coworking est un espace de travail partagé, s’inscrivant dans la mouvance dite de « l’économie collaborative ». Des professionnels de secteurs différents partagent des locaux comme de véritables collègues : échanges sur des projets, pauses café, déjeuners... Véritable phénomène de mode depuis sa première apparition à San Francisco en 2005, la pratique s’est rapidement développée aux quatre coins du monde. Selon une étude du site Coworking Paris Centre, on comptait déjà près de 3 000 espaces dédiés dans le monde en 2013.  Ce modèle répond notamment aux besoins des travailleurs indépendants en proposant tout à la fois flexibilité, échanges et coopération. Il permet également d’expérimenter de nouvelles formes de travail, axées autour de projets communs et de réseaux de compétences. En France, le premier du genre a ouvert ses portes à Paris en 2008, et on en dénombre plus de 200 aujourd’hui.

Le coworking plait autant grâce aux avantages qu’il offre : zéro engagement et paiement au mois, à la semaine voire à l’heure. Néanmoins, ce système présente des limites. En effet, pour s’y retrouver, il est primordial d’exercer un métier dématérialisé : on ne peut pas apporter des meubles ou des archives dans un espace partagé. Lorsque son activité se développe, il est également difficile d’embaucher de nouveaux collaborateurs. A noter aussi que ce type de locaux est potentiellement bruyant et la concentration peut s’avérer compliquée. Ce système pose des questions quant à la confidentialité et la sécurité : qu’en est-il des données partagées sur un réseau commun par exemple ? Le coworking est une solution temporaire ; les auto-entrepreneurs ou les travailleurs indépendants en début d’activité peuvent y trouver leur compte, mais il ne peut convenir à toutes les sociétés.

 Le télétravail

Si le principe est apparu dans les années 70, c’est avec l’avènement d’Internet, des connections haut débit ou encore du Cloud que le « nomadisme » ou travail mobile est devenu un phénomène quasi banal. Les entreprises recherchent de nouveaux modèles et solutions alternatives afin de doper la productivité de leurs collaborateurs tout en diminuant leurs coûts. Le télétravail apparaît alors comme une solution idéale: réduction du temps de transports, baisse du stress, et donc meilleure productivité. Le télétravail se développe spécialement dans les grandes métropoles, où des temps de transports réduits font une réelle différence dans le quotidien des collaborateurs. Si ce modèle parle à plus en plus de sociétés et de salariés, lui aussi possède ses limites. En effet, la législation française est un premier obstacle : les salariés doivent avoir un lien physique avec leur entreprise. En outre, le risque majeur du télétravail à temps plein est de s’isoler de ses collègues et de perdre du lien social, indispensable pour une cohésion au sein de l’équipe.

Ainsi, ces nouvelles modes en matière de bureaux séduisent de plus en plus d’entreprises : start-ups, travailleurs indépendants ou grands groupes, elles concernent tout le monde. Si elles présentent des avantages indéniables, elles ne sont que temporaires dans la majorité des cas. A chaque phase de développement d’une entreprise correspond un modèle ; les solutions jusqu’à alors qualifiées « d’alternatives » seront peut-être les normes de demain.

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