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Point de vue d'Aurore Vialatte, IEIF

[POINT DE VUE] Relèvera, relèvera pas ?

Nous entamons le dernier trimestre de l'année 2015 et la question la plus prégnante du trimestre sera, sans aucun doute, liée au relèvement par la Fed de ses taux d'intérêts. Alors que les investisseurs sont très attentifs quant à l'impact d'une remontée des taux en décembre, notamment sur la fragile croissance mondiale, les propos, plus ou moins contradictoires, des différents membres de l'Institution phare sont venus obscurcir l'horizon.

Outre-Atlantique, les statistiques publiées renforcent l'hypothèse d'une remontée des taux dès décembre. Bien que la croissance américaine au 3e trimestre n'ait été que de 1,5 % en termes annualisés (3,9 % au 2e), la plupart des indicateurs arguent d'une solidité réelle de cette croissance. Ainsi, du côté du marché de l'emploi, les créations de postes publiées par l'enquête ADP sont bien meilleures que prévues avec 271 000 emplois créés (contre 185 000 prévus) permettant d'atteindre un taux de chômage de 5 %, seuil considéré comme très proche du plein-emploi par la Fed. Mais l'élément nouveau à prendre en considération est l'apparition tant attendue de tensions sur le marché du travail mesurées à travers l'augmentation des taux de salaires dans le secteur privé (+2,5 %) qui pourrait laisser présager d'un rapprochement du taux d'inflation vers l'objectif de la Fed, soit 2 %.
Du côté de l'activité industrielle et des services, les doutes quant à la solidité de l'économie américaine ne semblent plus de mise. On notera notamment un indice PMI manufacturier de 54 en octobre (53 en septembre, 53,1 prévu), un indice PMI des services de 54,8 (contre 54,4 en septembre et 54,6 prévu) et un indice ISM des services de 59,1 en octobre (contre 56,9 en septembre et 56,6 prévu).

Sur le marché immobilier, l'évolution est également très positive malgré la baisse des ventes de logements neufs (-11,5 % en rythme annuel) atteignant seulement 468 000 unités, soit son plus faible niveau depuis novembre 2014, ainsi que le recul des permis de construire à 1,1 million (-5 % en rythme annuel, plus bas niveau en 6 mois). En effet, le moral des promoteurs est au beau fixe comme le montre l'indice NAHB qui atteint son plus haut niveau depuis octobre 2005 à 64 (contre 62 prévu). Cet optimisme s'appuie notamment sur le niveau des dépenses en construction, à leur plus haut niveau depuis 7 ans à 1,09 Md$ (+0,7 %), enregistrant leur 9e mois de hausses consécutives, et sur l'augmentation des mises en chantier (+6,5 % en rythme annuel) à 1,21 millions d'unités.

Si la Fed ne se basait que sur les données américaines, elle pourrait bien envisager une remontée de ses taux dès le mois de décembre, encouragée en ce sens par la croissance des ventes de détail (+0,1 % en septembre, après 0 % en août), indicateur reflétant l'évolution de la contribution de la consommation des ménages à la croissance économique. Toutefois, l'impact de cette décision sur les autres économies, notamment des pays émergents, est un facteur décisionnel primordial pour l'Institution américaine.

En Asie, les données continuent d'inquiéter les investisseurs. Au Japon, l'économie semble toujours aussi fragile. Le recul des ventes de détail en septembre (-0,2 % sur un an), celui des commandes des biens d'équipements industriels (-5,7 % sur un an) ainsi que la faible augmentation des exportations (+0,6 % sur un an, contre 3,4 % attendu), leur plus bas niveau en 13 mois, tranchent avec l'optimisme affiché, de la Banque Centrale, matérialisé par un statu-quo sur ses taux. Quant aux statistiques chinoises, elles exacerbent les craintes des investisseurs. La publication d'un taux de croissance annualisé de 6,9 % au 3e trimestre, accentue les pressions sur le gouvernement chinois pour qu'il adopte de nouvelles mesures de relance. D'ailleurs, le Parti Communiste a décidé de se réunir afin d'établir un plan d'action économique en faveur d'une diminution du rôle de l'Etat au cours des 5 prochaines années. Quant à la Banque centrale, elle a procédé à la réduction de ses taux de référence de 25 points de base à 4,35 % pour les prêts à 1 an et à 1,5 % pour les dépôts. Elle a également réduit son taux de réserves obligatoires de 50 points de base à 17 %. Cette décision s'appuie sur un recul, pour le 4e mois consécutif, des exportations de 6,9 % sur un an, des importations (-18,8 %), ou bien encore des prix à la production (-5,9 % sur un an), 43e mois consécutif de recul. Pour autant, certains éléments viennent nuancer le pessimisme ambiant comme un indice PMI manufacturier à 48,3 (contre 47,2 en septembre et 47,5 attendu), un indice PMI des services de 52 (contre 50,5 en septembre et 50,8 prévu) ou bien encore un indice des prix à la consommation qui croît de 1,6 % sur un an en septembre.

En Europe, la conjoncture semble sur la bonne voie même si elle manque fortement de vigueur. L'indice PMI manufacturier de la zone Euro suit le mouvement baissier, s'établissant à 52 (stable), tout comme l'indice PMI du secteur des services qui atteint 53,2 (contre 52,6 en septembre) pour la zone Euro. La France donne enfin des signes de sursaut avec un indice PMI manufacturier de 50,6 (stable) et un indice PMI des services de 52,7 (contre 52,3 en septembre et prévu). Cependant, des doutes sur la robustesse de l'économie germanique commencent à apparaître notamment du fait du recul de sa production industrielle (-1,2 % sur le mois de septembre).

Du côté du moral des acteurs, la situation reste instable avec un indice IFO du climat des affaires supérieur aux attentes à 108,2 (contre 108,5 en septembre et 107,8 attendu), mais un indice du sentiment économique ZEW des investisseurs qui s'effondre à 1,9 (après 12,1 en septembre et 6 attendu). A noter, toutefois, le climat des affaires en France, qui pour la première fois depuis août 2011, dépasse sa moyenne de long terme et atteint 101. A cela, s'ajoute un niveau d'inflation nul pour la Zone Euro en octobre (-0,1 % en septembre), éloignant d'autant plus l'objectif de 2 % de la BCE, poussant l'Institution à envisager un renforcement de ses mesures d'assouplissement quantitatif.

Les indices immobiliers européens suivent le mouvement général des marchés financiers et atteignent des performances identiques voire supérieures à celle des indices de référence. En effet, l'indice de performance globale Euronext IEIF REIT Europe a bondi de 8,5 % sur le mois d'octobre, tandis que l'indice Dow Jones Stoxx 50 affiche un gain de 8,2 %. L'indice Euronext IEIF SIIC France a également grimpé de 8 %, alors que l'indice CAC 40 gagne 10 % en octobre. Depuis le début de l'année, l'indice Euronext IEIF REIT Europe croît de plus de 25 %, tandis que l'indice Euronext IEIF SIIC France enregistre une belle performance de 18 %, à comparer aux 10 % de l'indice Dow Jones Stoxx 50 et 18 % du CAC 40.

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