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Point de vue de Jérôme Le Grelle, Convergences-CVL

Commerce des villes : où est la stratégie ?

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En direct du Mapic (Cannes) - Plus personne ne conteste la légitimité des élus locaux à organiser le commerce de leur centre-ville. C’est une bonne chose, mais les pistes envisagées par le gouvernement pour les y aider sont-elles adaptées aux enjeux et, surtout, quelle stratégie les sous-tend, quel sens donnent-elles à ce mot ?

Les propositions du rapport sur la revitalisation des centres-villes présenté en octobre à la secrétaire d’État en charge du commerce vont dans le bon sens : celui d’une approche stratégique, équilibrée, globale, coordonnée, experte et tournée vers l’avenir.

Rien à dire non plus sur le diagnostic des causes de la vacance endémique qui touche les centres des villes moyennes : absence de stratégie publique locale, planification territoriale inopérante, conflits d’intérêts entre acteurs publics et privés, incapacité des communes à intervenir au bon niveau sur la transformation foncière ou encore inadaptation du petit commerce aux défis du digital.

Les auteurs du rapport en déduisent que “Si le commerce est d’abord l’affaire des commerçants, il revient aux élus responsables de la ville et de l’intercommunalité d’engager et de mettre en oeuvre une stratégie globale adaptée à la situation de leurs territoires et de leur centralités.”

Voilà qui est juste !  Mais le rapport, qui propose une série de remèdes sous forme d’aides ou d’évolutions réglementaires, reste marqué par une approche encore trop technocratique des réponses à apporter sur le terrain. Il ne va pas au bout de sa propre logique.

Ainsi, n’y a-t-il qu’une stratégie possible ? Les instruments proposés sont essentiellement défensifs : surseoir aux implantations, exiger une étude d’impact, sauvegarder, apporter des aides… L’objectif est-il de maintenir en l’état une situation structurellement fragile ou d’accompagner un véritable changement ? Si cette logique de sauvegarde prévaut, de quels soutiens pourront se prévaloir les élus qui auront le courage de faire des choix stratégiques plus volontaristes, plus ambitieux mais aussi plus douloureux ?

Où est abordée la question primordiale de la rentabilité ? Soutenir le commerce sans s’assurer que commerçants et investisseurs trouvent, au moins à moyen terme, leur rentabilité est aussi inutile que coûteux. Or si la stratégie ne se donne pas la rentabilité du commerce pour objectif, celle-ci n’a quasiment aucune chance d’être atteinte.

Quel pouvoir donne-t-on aux élus ? Il faut énormément de volonté politique pour piloter une stratégie de développement commercial. C’est un des domaines de l’action publique les plus complexes qui soient. Et si on commençait par donner aux élus l’envie d’agir en réformant profondément le système des CDAC : il est lourd, déresponsabilisant et inadapté aux enjeux du commerce d’aujourd’hui.

La stratégie est un art difficile, surtout dans son application. Si on veut aider les villes à redynamiser leur commerce, il est temps de d’être un peu moins technocratique et un peu plus pragmatique et opérationnel.  

 

Mots-clés : CDAC, Mapic
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