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Le gouvernement a présenté sa stratégie logement cette semaine. Événement particulièrement suivi et commenté par les acteurs et observateurs du secteur qui s’inquiétaient de la disparition d’un ministère du Logement à part entière. Diversement appréciée, cette stratégie s’appuie sur une logique assez limpide : baisser le coût de l’immobilier. En revanche, les leviers sont un peu plus complexes à actionner.
Le premier d’entre eux repose sur un choc d’offre. Un choc qui n’a pas convaincu tout le monde, à commencer par les promoteurs et constructeurs. Il est vrai qu’il repose essentiellement sur de vieilles recettes, mêlant abattements fiscaux (dispositif Pinel) et subventions publiques (prêt à taux zéro). Le mérite est de pérenniser ces dispositifs dans le temps, la limite (pour certains) est de les cantonner aux zones tendues. La seule réelle nouveauté est un abattement fiscal sur les plus-values des ventes de terrains (toujours en zones tendues), qui devrait libérer l’offre foncière. Même si ce verrou fiscal saute, cela reste quand même un pari.
La baisse des coûts passera par un assouplissement des normes. Pour l’heure, on est davantage dans une logique de moratoire avec l’annonce d’un gel des nouvelles normes. Le gouvernement promet une simplification, mais on a vu l’inefficacité d’une telle démarche lors du précédent quinquennat, en dépit de la bonne volonté et de la compétence des acteurs concernés.
Enfin, l’un des leviers les plus contestés passe un coup de rabot qui commence par les logements sociaux à travers les APL et augure d’un véritable bras de fer avec le mouvement HLM.
Le reste du programme logement est pavé de bonnes intentions et saupoudré de mesurettes censées redonner de la fluidité à un secteur sclérosé depuis des décennies, où tout le monde plaide pour une remise à plat du système à condition de ne pas être concerné. En un sens, ce programme ne se distingue pas des précédentes réformes.
En tout état de cause, le logement reste sous perfusion. Le gouvernement tente bien de réduire les doses en cantonnant notamment les aides fiscales aux zones tendues, mais il doit maintenir le patient vivant, car, tout moribond soit-il, il rapporte davantage qu’il ne coûte : 42 Mds€ contre 68 Mds€ l’an passé. Mais, cela reste une vision comptable.

Mots-clés : APL, Pinel, Stratégie Logement