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Et si le prochain prix Turing était à Sophia Antipolis ?

Avec la récente attribution du label 3IA, Sophia Antipolis, désormais consacrée Institut interdisciplinaire d’intelligence artificielle, obtient la reconnaissance légitime du travail réalisé par les établissements d'enseignement supérieur et les instituts de recherche dans ce domaine depuis de nombreuses années. Prochaine étape, le prix Turing pour un(e) Sophipolitain(e) ?

© Association for Computing Machinery and SwissLife AM

Le prix Turing est le « Nobel » de l’informatique décerné par l’Association for Computing Machinery. Du nom du mathématicien britannique Alan Turing (1912-1954), considéré comme le père fondateur de l’informatique, ce prix consacre « l’élu » pour sa contribution technique significative et durable dans le domaine informatique. Créé en 1966, le prix a quasiment l’âge de Sophia, à trois ans près : sur les 68 prix offerts et partagés entre chercheurs, 63 % l’ont été à l’attention d’Américains, 10 % à des Britanniques et le reste distribué entre 13 pays dont un pour la Chine et deux pour la France – dont un reçu par le chercheur franco-grec Joseph Sifakis en 2007 et le dernier obtenu par Yann Le Cun en 2018, (partagé avec les Canadiens Clarke et Emerson). En termes de champs d’études, cinq ont été attribués à l’intelligence artificielle (en 1969, 1971, 1975, 1994 et 2018 en apprentissage profond), avec des lauréats essentiellement américains. Certes, Yann Le Cun vient d’être consacré, mais parions qu'il ne faille pas un nouveau cycle de dix ans pour que les Français spécialistes de l’intelligence artificielle soient de nouveau mis à l’honneur. Il est fort à parier que les prochains récompensés auront de près ou de loin fréquenté Sophia Antipolis. En voici quelques raisons.

De « SophIA » la Sagesse, aux lettres symboliques de l’IA pour Intelligence artificielle

Sophia Antipolis, technopole reconnue, est déjà un pôle de compétitivité désormais consacré, depuis avril 2019, Institut interdisciplinaire d’intelligence artificielle (sous le label 3IA). Initiée par l’université Côte d’Azur (UCA), le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et l’Institut national de recherche en sciences du numérique (Inria), la candidature de Sophia Antipolis a été des plus naturelles. L’interdisciplinarité, synonyme de respect intellectuel, d’écoute et de dialogue, y est vieille de 50 ans : Sophia en a fait son ADN. Cette interdisciplinarité explique la réussite d’un projet collectif, ambitieux, déployé dans le respect des différences individuelles, à l’image des pionniers de cette aventure humaine exceptionnelle. L’intelligence artificielle à « SophIA » y a été nourrie, toutes origines confondues, des mathématiques aux technologies de l’information et de la communication d’antan. Le trio, UCA, CNRS et Inria à l’origine de la candidature et porté d’abord par des individus, œuvre dans un objectif commun d’excellence et d’optimisation des synergies. Le réseau est reconnu internationalement : les publications scientifiques de leurs chercheurs respectifs, baromètres de l’excellence en recherche fondamentale et/ou appliquée des mathématiques aux sciences du numérique sont légions et sont des références dans le monde. 

L’InrIA, acteur majeur en Intelligence artificielle

L’Inria, dont la devise incarne les inventeurs du monde du numérique, est présent sur le site de Sophia Antipolis depuis 1981. L’Institut est un acteur majeur de la technopole avec plus de 500 employés dont près de 400 chercheurs, enseignants-chercheurs doctorants, post-doctorants, ingénieurs et autres profils similaires. 

L’Inria, dont la mission est de promouvoir « l’excellence scientifique au service du transfert technologique et de la société », associe trois axes de recherche sur le site de Sophia : 

  • la médecine et la biologie computationnelles ;
  • la communication et le calcul omniprésents ;
  • la modélisation, la simulation et l’interaction avec le monde réel. 

Ces trois programmes de recherche explorent le monde du numérique via la programmation et les algorithmes, la science des données et l’ingénierie de la connaissance, la modélisation et la simulation, l’optimisation et le contrôle, les architectures, les systèmes et réseaux, sans oublier la sécurité et la confidentialité, l’interaction et le multimédia, et enfin, les systèmes autonomes et les intelligences artificielles. Plus pragmatiquement, les trois axes de recherche associent des problématiques sociétales et transverses comme l’équité sociale via la santé électronique ou la promotion du développement durable via les véhicules autonomes. Sophia Antipolis bénéficie d’une solide expérience dans ces domaines, avec ses partenaires industriels et institutionnels autour des objets connectés parents des véhicules autonomes, ou encore du suivi des malades à distance via la gestion et l’analyse des données. 

Aujourd’hui, sur 79 Français recensés par le classement mondial en sciences du numérique, dont l’intelligence artificielle, 16 chercheurs sont actifs sur le site de Sophia Antipolis, soit 20 % des chercheurs français : plus percutant, cela porte à quasi trois chercheurs en IA pour 100 000 habitants à Nice versus 0,1 chercheur pour 100 000 habitants au niveau national. Trois de ces 16 chercheurs sophipolitains sont parmi les dix premiers Français. 

Nicholas Ayache est reconnu mondialement pour ses travaux en imagerie computationnelle, cette discipline qui permet de concevoir des logiciels d’analyse et de simulation des images pour aider au diagnostic, pronostic et pratique thérapeutiques, comme c’est le cas en chirurgie par exemple. Ses travaux permettent d’optimiser les gestes chirurgicaux, humains ou robotiques. Olivier Faugeras, cofondateur du Journal of Mathematical Neuroscience, est également internationalement reconnu dans la recherche médicale, via la neuroscience computationnelle, puisque ses travaux novateurs sont consacrés à la reconstruction en 3D de l’activité du cerveau humain. La modélisation des neurones et des ensembles de neurones à l’origine de la 3D est fondamentale à d’autres activités. Enfin, Rachid Deriche est un des grands spécialistes mondiaux du traitement et de l’analyse des images numériques en neurologie : ses travaux en neuro-imagerie ont permis de grandes avancées dans les techniques de résonance magnétique de diffusion (RMD). Ses applications sont nombreuses pour l’aide au diagnostic et les traitements thérapeutiques, via des techniques interventionnelles ou non invasives. Certes, ce trio n’a pas fait le serment d’Hippocrate, mais il participe au soulagement des souffrances et à l’avenir d’une humanité collectivement plus intelligente. 

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