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À cor et à cri

© S. d'Halloy/Image&Co

On redoutait le coup de mou au Mipim. On a eu le coup de gueule. Celui des entreprises par la voix de leur président, Patrick Martin. Le patron du Medef est venu pousser son cri d’alarme au lendemain de la visite du ministre délégué au Logement. Pour sauver une partie de ses adhérents, les acteurs de la promotion et de la construction. Pour sauver aussi et surtout la compétitivité des entreprises, dans l’impasse pour loger leurs collaborateurs à l’heure où l’exécutif ambitionne de réindustrialiser la France et réarmer économiquement le pays.

Le logement est devenu le fil rouge d’un salon où l’on vient d’abord prendre le pouls des investisseurs et des financeurs. Il devient un marché de report pour des territoires qui ne rêvent encore que d’attirer des entreprises. Il reste un espoir pour des actifs plantés. Il semble la dernière classe d’actifs qui pourrait traverser les cycles tant le besoin primaire est prégnant et l’offre en complète inadéquation.

Mais voilà, beaucoup de professionnels doutent de l’efficacité des quelques mesures annoncées par Guillaume Kasbarian pour relancer la construction. Les caisses de l’État sont vides. La menace de la FFB et de la FPI de durcir le ton comme l’ont fait les agriculteurs arrive un peu tard.

Le logement est bel et bien une bombe sociale avec une mèche… très lente. Si elle explose, ce sera peut-être à la figure des prochains locataires de l’Élysée.

Seule une baisse des taux permettant de resolvabiliser en partie la demande pourrait la ralentir. Mais, lasse, la FED a douché les espoirs des plus optimistes festivaliers, repoussant d’un mois la perspective d’une baisse des taux.

En attendant, les professionnels immobiliers se retroussent les manches pour trouver des solutions. À l’échelle de leurs actifs, à l’échelle de leurs métiers, à l’échelle de leurs marchés.

Tous ont compris que la baisse des taux ne suffirait pas à faire repartir durablement une machine dont tous les moteurs se sont progressivement arrêtés. Tous s’évertuent à naviguer dans une filière en profonde refonte, sur des marchés de remplacement plus que de croissance.

L’immobilier est définitivement sorti de son âge d’or. Il traverse tant bien que mal les forêts sombres de la crise en attendant la renaissance. Car renaissance il y aura. Avec les mêmes acteurs ? Avec les mêmes produits ? Avec les mêmes méthodes ? Ce sont les questions que pas mal de monde se pose encore.

Quant aux nostalgiques du Mipim des années fastes, il leur suffisait d’entrer dans la tente de l’Arabie saoudite pour découvrir The Line et les autres projets de Neom. Autres mœurs. Autre monde. Autre conscience environnementale.

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