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De l’inflation immobilière et de ses conséquences sur la compétitivité

C’est la faute à l’immobilier si la France n’est plus compétitive. Le trait est un peu grossi, mais c’est peu ou prou le message contenu dans l’étude réalisée par le ministère de l’Economie et des Finances sur l’inflation immobilière et ses conséquences pour l’économie française, judicieusement attachée dans le rapport social, économique et financier qui accompagne la loi de Finances pour 2013.

Le constat d’abord. Les prix des logements ont été multipliés par deux depuis le début des années 90 et ne cessent de progresser depuis, à l’exception d’un petit intermède après la crise financière de 2008. Le phénomène n’est pas franco-français, mais l’étude de Bercy relève l’exception allemande qui expliquerait l’insolente santé économique de notre voisin.

Les explications de cette flambée des prix immobiliers sont désormais bien appréhendées. C’est d’abord le choc de l’explosion de la demande, alimentée par des phénomènes socio-démographiques (peu ou pas anticipés par l’Insee), par une détente des conditions de financement et par une politique de soutien… de la demande. Un chapitre rapidement balayé dans le rapport tant la responsabilité (ou plutôt l’irresponsabilité) des décideurs publics est engagée, tous bords politiques confondus. Prêt à taux zéro, incitations fiscales pour les investissements locatifs, crédits d’impôts relatifs aux intérêts d’emprunt, censés solvabiliser la demande, ont finalement participé à l’inflation des prix face à une « rigidité » sur l’offre. Où là encore, les élus locaux ne sont pas blanc-bleu, tant certains ont participé à la rétention foncière. Maire bâtisseur, maire battu. La formule fait encore mouche.

Les conséquences sont lourdes. Le rapport souligne, à juste titre, un accroissement des inégalités sociales, générationnelles et même territoriales. Il pointe aussi – et c’est un peu nouveau – des conséquences directes sur la compétitivité des entreprises. Le problème du logement des salariés pèse non seulement sur l’attractivité d’un territoire, mais aussi sur la compétitivité d’une entreprise. Les experts notent une corrélation entre l’évolution des prix immobiliers et celle des coûts salariaux. Vrai. Le Medef l’a souligné à de maintes reprises, souvent appuyé dans sa démarche par les syndicats. Mais, alors, pourquoi tous les gouvernements s’obstinent à vouloir tuer le 1% logement ? L’inflation des coûts immobiliers serait aussi pénalisante pour l’entreprise directement. On peut être plus dubitatif. Ce n’est quand même pas le niveau des loyers qui menace la pérennité de Virgin, même sur les Champs-Elysées. C’est même l’immobilier qui permet à certains grands groupes industriels de limiter la casse.

Les solutions enfin. Elles passent par un choc sur le foncier. Par la loi pour le foncier public, en renforçant les obligations de construction de logements HLM dans les communes. Par la fiscalité pour le foncier privé, même si le Conseil Constitutionnel a douché les espoirs de Bercy en retoquant l’article 15 de la loi de finances. Mais, dans le même temps, le gouvernement continue sa politique de soutien de la demande, en remettant un dispositif proche du Scellier, en réintroduisant le PTZ, en indexant l’APL. Le débat entre une politique économique de soutien de la demande ou de l’offre n’est toujours pas tranché.