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Bazin : Accor aux poings

Sébastien Bazin © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Sébastien Bazin est venu à l’immobilier par l’hôtellerie. Il retourne à l’hôtellerie par l’immobilier. Sa nomination à la tête d’Accor reste quand même la surprise de la rentrée. Personne ne s’attendait à voir l’actionnaire le plus virulent du groupe hôtelier - celui que certains surnomment le coupeur de têtes et qui aurait évincé pas moins de trois PDG en 8 ans (Jean-Marc Espalioux, Gilles Pelisson, Denis Hennequin) - prendre les rênes d’un groupe mondial de 160 000 collaborateurs.

La prise de pouvoir de Sébastien Bazin, à l’issue d’une période improbable où un triumvirat veillait aux destinées de l’un des groupes phares du CAC 40, n’a pu qu’être saluée en Bourse. Comme la rumeur de l’arrivée de Guillaume Poitrinal, fin juillet, avait agité l’action Accor. Elle reflète la mentalité d’un homme qui aime goûter au risque et qui est souvent là où on ne l’attend pas. Le petit prince de l’immobilier a fait de sa stratégie à contre-cycle un modèle gagnant à la fin des années 90, dans un marché en pleine déprime. Cela lui a coûté aussi quand il a visé plus haut. On pense à Carrefour notamment où, malgré le soutien de Bernard Arnault, il a échoué dans la cotation de Carrefour Property.

Les défis chez Accor sont nombreux. A commencer par redynamiser un groupe dont les résultats - bien que positifs - sont jugés insuffisants par le marché et dont le cours de Bourse est aujourd’hui au même niveau que lorsque Colony Capital l’avait acheté en… 2005.

La stratégie ? Elle est claire à défaut d’avoir été partagée par tous. Le groupe hôtelier passe en mode
« asset light », à l’instar de tous les opérateurs internationaux. A l’horizon 2016, Accor vise un parc réparti entre 40 % de chambres en franchise, 40 % en management et 20 % en propriété et location. Cela se traduira par des cessions d’actifs immobiliers, mouvement engagé depuis des années et qui va s’accélérer avec la mise en place d’une direction du patrimoine confiée à Gilles Bonnier, ex-Gecina.

Les obstacles ? Ils sont nombreux et pour certains, parfaitement identifiés. Sébastien Bazin doit encore avoir des souvenirs de l’accueil houleux des franchisés et des actionnaires minoritaires lors de la dernière assemblée générale d’Accor. Ou encore de quelques déclarations des fondateurs historiques du groupe se souciant de l’influence des fonds. Mais, le principal d’entre eux pourrait être Colony Capital et Eurazéo, qui détiennent 21 % du groupe et 30 % des droits de vote, sauf à accréditer la thèse du putsch. Car les fonds ont investi il y a 8 ans dans le groupe Accor. Un temps long pour des investisseurs, même très long pour des gestionnaires de fonds. Pour les rassurer, Sébastien Bazin franchit le Rubicon. Avec le même succès que César ?

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