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30 mai 2025 | 13:41 CET

Dans sa grande mansuétude, le gouvernement vient de proroger par décret le délai de validité des autorisations de construire délivrées entre le 1er janvier 2021 et le 28 mai 2024. Le délai de validité des permis de construire est ainsi porté à cinq ans automatiquement.

Le décret publié cette semaine vise à faciliter la reprise des chantiers, et tout particulièrement la production de logements, plantés par la crise. Encore faut-il que tous les acteurs se mettent d’accord sur de nouvelles conditions financières pour lancer les opérations.

« Un dispositif simple, non coûteux, démocratique et efficace », a commenté sur LinkedIn, Olivier Colonna d’Istria, ancien patron de la Socfim et toujours président de l’IFPImm. Tout ce qu’on n’a pas su faire pendant des années.

La question est de savoir s’il s’agit d’une bouée de sauvetage pour les professionnels ou simplement d’un petit geste pour éviter de leur mettre encore un peu plus la tête sous l’eau.

Car le secteur du logement neuf est toujours aussi sinistré. Les autorisations de construire ont certes connu un petit sursaut en avril, avec une progression de 12 %, mais on part de la cave : 34 000 logements autorisés en un mois. Dix mille de moins en chantier. Moins de 300 000 logements construits sur un an.

La Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) ne voit pas de reprise à l’horizon, constatant une nouvelle érosion de ses ventes au 1er trimestre : moins de 13 000 ventes aux particuliers. Moins de 6 000 aux institutionnels. Quant à l’investisseur privé, il est aux abonnés absents depuis la fin du Pinel. Les promoteurs essayent, tant bien que mal, de le substituer par des dispositifs LLI.

Bref, la chaîne de production est quasi à l’arrêt et c’est tout le parcours résidentiel des Français qui en est perturbé, alors même que les premiers signes de reprise se font jour dans l’ancien.

La bonne nouvelle, c’est que le gouvernement a changé d’attitude, comprenant un peu tard les dégâts d’une politique d’ostracisation de l’immobilier, en particulier pour les finances publiques.

Mais le compte n’y est pas. La question du logement est systématiquement oubliée quand Emmanuel Macron évoque sa politique économique. Et on voit mal comment, ici, une petite loi sur la transformation de bureaux, ou là un statut fiscal du bailleur privé pourraient durablement et puissamment faire repartir la machine.

En Allemagne, le nouveau chancelier a réservé l’un de ses premiers discours à la fédération du Bâtiment, une « industrie clé » reconnaît Friedrich Merz. Car outre-Rhin, la crise est aussi violente, avec une chute de 15 % de la construction de logements neufs. La nouvelle coalition entend relancer la production par « une salve de mesures en matière d'investissement, d'allègement fiscal et de débureaucratisation ».

On a visiblement les mêmes problèmes. Pas tous la même urgence.