1. Actualités
  2. Finance
29 août 2025 | 13:39 CET

Un canard sans tête

article image
(RareStock / Adobe Stock)

Les rentrées sont toujours des moments un peu tendus, mais celle-ci s’annonce tumultueuse. Entre les appels au blocage du pays le 10 septembre et le coup de poker du Premier ministre François Bayrou qui sollicite la confiance de l’Assemblée nationale le 8 septembre, la France avance un peu comme un canard sans tête dans un contexte international en pleine mutation.

Cette nouvelle crise politique accroît les inquiétudes des dirigeants d’entreprise déjà angoissés par la conjoncture. Une inquiétude qui vire au désarroi, dont la REF (Rencontre des entrepreneurs de France) s’est fait largement l’écho cette semaine.

L’immobilier, première industrie nationale avec 11 % du PIB, n’échappera pas à ce climat anxiogène.

À court terme, l’instabilité a un prix : celui du taux auquel la France emprunte, le 10 ans remontant à 3,45 %, 75 pb de plus que l’Allemagne. La tension sur les taux longs n’est jamais favorable à l’investissement immobilier. Elle a aussi un coût, celui de l’attentisme dans lequel vont se figer nombre d’entreprises dans leurs décisions d’investissement. Cela risque de se refléter aussi bien sur le niveau de la demande placée que sur les volumes d’engagement.

À moyen terme, une chute probable du gouvernement Bayrou le 8 septembre met en péril l’adoption d’une loi de finances pour 2026. Loi de finances dans laquelle les professionnels immobiliers espéraient voir figurer le futur statut du bailleur privé et un dispositif fiscal plus incitatif pour relancer un marché de l’investissement en panne sèche.

Mais à plus long terme, cette impasse politique dans laquelle nous sommes plongés risque de menacer l’attractivité de la France et d’accélérer une forme de déclassement économique du pays. Pendant que nous faisons du surplace, paralysés par une dette publique devenue incontrôlée, d’autres avancent et avancent vite.

Le remède, tout le monde le connaît. Baisser les dépenses publiques, celles de l’État, des collectivités locales et des régimes sociaux. Encore faut-il que le patient accepte de se soigner.

En attendant, les acteurs immobiliers vont devoir faire preuve d’ingéniosité, d’inventivité, de sang-froid pour traverser une crise qui dépasse leur seul secteur.