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11 juillet 2025 | 17:29 CET

Entre inquiétude et léthargie

« L'homme était né pour vivre dans les convulsions de l'inquiétude ou dans la léthargie de l'ennui. » C’est par cette phrase de Voltaire dans Candide que l’économiste Jean-Marc Daniel a introduit ses propos sur la météo économique lors d’un point marché organisé par Colliers.

La « léthargie de l’ennui », c’est un peu ce que vit le marché locatif des bureaux. Soyons franc. Les chiffres au 2e trimestre en Île-de-France sont mauvais, à défaut d’être surprenants, avec un recul de 21 % de la demande placée comparé au même trimestre de 2024. Sur 12 mois glissants, on atteint une demande placée de 1,7 million de m², niveau inférieur aux points bas de 2009 et de 2013.

Et là, ce sont vraiment les « convulsions de l’incertitude » qui ont pesé sur les prises de décisions des entreprises. Le volume des grandes transactions, celles de plus de 5 000 m², chute de 30 %. Il y avait urgence à procrastiner.

Si les résultats sont mauvais, sont-ils à ce point inquiétants ? En d’autres termes, le marché des bureaux en Île-de-France montre-t-il des signaux de stabilisation ?

Ceux qui veulent se faire peur iront regarder le niveau de l’offre disponible, lequel a explosé de 20 % sur un an, pour atteindre un record de 6 millions de m² vides et un taux de vacance inédit de plus de 10 %. Ils s’affoleront des délais d’écoulement qui dépassent, en moyenne, les 42 mois de demande placée. Ils se désespéreront d’une absorption nette négative de près de 800 000 m².

Ceux qui veulent se rassurer pourront se féliciter d’une certaine résistance des valeurs locatives et du palier des 1 000 €/m² franchi dans le QCA parisien. Ils pourront se satisfaire de la stabilisation des valeurs vénales après une baisse continue de 32 % entre le T3 2022 et le T1 2025. Ils pourront se dire que c’est le moment idoine pour revenir à l’achat sur des actifs qui offrent un rendement annuel proche des 8 %.

Ceux qui veulent chercher des raisons de sortir de la léthargie vont s’accrocher aux quelques signaux positifs qui clignotent à l’horizon. Une timide reprise de l’activité dans le secteur des services à en croire le dernier indice PMI et une confiance des entreprises qui a atteint un pic en huit mois. Une croissance de l’emploi de bureau en Europe qui reste le premier moteur de la demande. Un retour au bureau qui commence à s’organiser, notamment chez les grands corporates.

Faute de pouvoir lire dans le marc de café, on ira scruter attentivement les résultats semestriels des foncières cotées, particulièrement celles exposées au bureau. Cela nous permettra de voir si les investisseurs basculent dans l’inquiétude ou dans la léthargie.