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À quand un chef de chantier pour le Grand Paris Express

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Onze ans après le discours fondateur de Nicolas Sarkozy sur l’aménagement du Grand Paris, les signaux négatifs s’accumulent pour le projet du super-métro francilien, colonne vertébrale de ce qu’on présente comme « le projet du siècle ». La conférence de presse de rentrée de Thierry Dallard, nouveau président du directoire de la Société du Grand Paris, cette semaine en a cristallisé une bonne partie.

Interrogé sur le calendrier de mise en service des premières lignes du Grand Paris Express, le successeur de Philippe Yvin et Etienne Guyot a avoué « qu’il faudrait encore un peu de temps pour affiner les choses. » Plus de six mois après le recadrage du calendrier de mise en service par Édouard Philippe, de nouveaux retards sont donc à craindre. Encore une fois. Le plus grave, c’est qu’avec ce type de déclarations, on plonge littéralement dans l’inconnu. Au point même que l’on peut s’interroger sur le choix technique de développer un métro souterrain !  

Ces incertitudes ne semblent pas freiner la Société du Grand Paris dans ses appels au financement. Tel Gargantua, le Grand Paris Express semble être un ogre qui avale des milliards d’euros sans jamais être rassasié. À défaut de chiffrage précis – le budget a déjà doublé en une décennie – la SGP tire lignes de crédit sur lignes de crédit en attendant un nouveau coup de pouce de l’État. À en lire le rapport de Gilles Carrez, celui-ci ne pourrait arriver que par un élargissement des taxes, à commencer par celle sur les surfaces de bureaux ou encore la taxe spéciale d’équipement. 

La situation peut sembler surréaliste au regard des enjeux embarqués par la concrétisation du Grand Paris. Derrière les problèmes de tunneliers, se pose la question de l’attractivité de la région capitale à l’heure où toutes les métropoles européennes s’engagent dans la compétition post-Brexit. Comment attirer de nouvelles entreprises sans s’assurer d’une certaine qualité des infrastructures ? Comment embarquer les investisseurs privés dans ce projet sans avoir une feuille de route claire et surtout un horizon de temps ? Comment les maintenir dans la locomotive sans un minimum de crédibilité de la parole publique dans la mise en œuvre d’une stratégie enfin arrêtée ?

Le temps des rapports est terminé. Celui des tribunes où chacun pérore à l’envi sur le génie français en espérant capter une partie du gâteau doit cesser. Il faut passer à l’action. La France est une nation d’ingénieurs. Elle a toujours su construire des ponts et creuser des tunnels. Elle est capable de se retrousser les manches. Encore lui faut-il trouver un chef de chantier.

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