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Point de vue de Gontran Thüring, CNCC

Centres commerciaux : s’adapter à l’évolution du consommateur dans un contexte réglementaire encore trop contraignant

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À la demande du CNCC, l’ObSoCo vient de réaliser une étude sur le rapport des Français aux espaces commerciaux. Elle révèle la nécessité d’une restructuration significative de notre appareil commercial résultant de problèmes à la fois quantitatifs et qualitatifs.

Globalement, les Français déclarent avoir réduit leur fréquentation des espaces commerciaux. La bonne nouvelle, contre-intuitive, est que les commerces des petites villes et de bourgs échappent à cette tendance alors que l’État se mobilise en leur faveur. Les équipements du type « routes du meuble » sont les plus touchés par le phénomène. Cela n’a rien de surprenant et prouve qu’il est indispensable de s’attaquer à la requalification de nos entrées de ville. En ce qui concerne les centres commerciaux proprement dits, cette baisse est relative (pour rappel, l’indice de trafic du CNCC à fin août affiche -1,4 % par rapport à l’année dernière). Trois raisons peuvent expliquer cette tendance.

D’abord, l’influence de la contrainte budgétaire : rappelons que ce n’est qu’en 2017 que la consommation des ménages a retrouvé son niveau de 2008.

Ensuite, l’impact ambigu du e-commerce. Certes, sa part de marché dans le commerce de détail est passée de 2,5 à 7,6 % entre 2008 et 2017, mais l’étude de l’ObSoCo montre que, d’une part ceux qui achètent en ligne sont également ceux qui ont augmenté le plus leur fréquentation des espaces commerciaux et que, d’autre part, le segment du commerce digital le plus dynamique est celui du « click & collect » qui bénéficie aux lieux de commerce physique.

Enfin, le degré d’information préalable du consommateur via internet a fait diminuer le nombre de visites permettant de déclencher un acte d’achat sur le lieu de vente.

On peut donc considérer, d’un point de vue quantitatif, que c’est plus le taux de transformation que le trafic global qui devra à l’avenir constituer un critère de performance des espaces commerciaux, notamment dans un contexte « phygital ». Cela nécessitera également une meilleure connaissance du visitorat, notamment par un échange de données entre enseignes et bailleurs.

Sur le plan qualitatif, l’étude de l’ObSoCo pointe clairement les voies d’amélioration que les espaces commerciaux se doivent impérativement d’adopter pour maintenir leur attractivité : « Il apparaît primordial pour les centres commerciaux de poursuivre les démarches engagées sur la réduction des irritants, le développement de l’expérientiel et l’évocation d’imaginaires de consommation pertinents. » De ce point de vue, les ouvertures récentes de nouveaux équipements ou d’équipements restructurés (Best, Muse, The Village, Val d’Europe, Carré Sénart, Cœur Picardie, Promenade de Flandre) prouvent la capacité des opérateurs à répondre aux nouvelles exigences des consommateurs.

En conclusion, et fort des résultats de l’étude de l’ObSoCo, l’avenir de l’urbanisme commercial s’écrira à travers la fermeture de certains mètres carrés de surfaces commerciales qui n’auront pas su faire leur mue (à ce propos, il est dommage que la loi Élan n’ait pas retenu la proposition du CNCC de CDAC de transfert) et l’adaptation de nombreux sites existants, défi que les opérateurs de centres commerciaux sont prêts à relever (là-dessus également et malgré quelques avancées, on peut regretter que la loi Élan n’ait pas permis une accélération des procédures d’autorisation qui cumulent toujours en France à la fois une forte concertation en amont des projets et une grande capacité de recours en aval).