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L’appel de Dinin

Entre deux gilets jaunes, il est un coup de gueule qui n’est pas passé inaperçu. Celui du premier promoteur de France, plus exactement du premier opérateur immobilier. Le président de Nexity, Alain Dinin, s’est fendu d’une lettre au vitriol adressée au président de la République, Emmanuel Macron, appelant à un « vrai plan logement ». Une lettre diffusée dans un momentum délibérément choisi, la semaine du salon des maires.

La méthode peut paraître singulière. Elle est clairement apolitique et se détache des traditionnelles revendications catégorielles. Elle agace. Parce qu’elle pointe la limite des organisations professionnelles débordées par la transversalité du sujet. Parce que, d’une certaine manière, elle remet en question le rôle des corps intermédiaires dans la relation entre le pouvoir et les opérateurs privés. Parce que, de manière plus anecdotique, elle froisse l’égo de quelques décideurs en mal de lumière.

Alain Dinin a dévoilé 22 propositions de bon sens. À la condition qu’on les prenne dans leur globalité. Elles s’apparentent à une contre-loi Élan – dont le choc d’offres annoncé s’est pour l’instant transformé en un choc de crispation. Quand bien même ce choc viendrait à se produire un jour, il ne constituerait pas la réponse à l’éternelle crise du logement. Depuis l’appel de l’Abbé Pierre – c’était il y a plus de 60 ans – flotte le sentiment d’une succession d’échecs dans les politiques du logement.

Quelle écoute peut espérer l’appel d’Alain Dinin ? Ces propositions n’ont d’autres finalités que de baisser le prix du logement. Or, les deux premiers leviers sont la fiscalité et le prix du foncier. En d’autres termes, l’État devra casser sa rente sur le logement – 35 Mds€ d’excédent fiscal – et les collectivités locales devront faire une croix sur un potentiel de recettes à un moment où tous deux sont exsangues financièrement.

Alors pour qui roule Alain Dinin ? Pour sa minute de gloire personnelle ? Pour assurer une certaine publicité de son groupe ? Pour espérer un maroquin ? Et si cet appel n’était finalement que celui d’un homme libre qui pointe l’une des principales angoisses des Français : comment s’assurer d’avoir un toit sur la tête. Si possible « adapté » et « abordable » pour reprendre la conclusion de sa lettre. Cela devrait être l’enjeu prioritaire des politiques.

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