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Bipolaire

Champs-Elysées, Paris © Augustin Lazaroiu / Fotolia

L’actualité de la vie des affaires est parfois cynique. Prenons juste un exemple : l’avenue des Champs-Élysées. A peine les barricades démantelées, les incendies éteints, les vitrines remplacées que l’on apprend l’une des plus importantes transactions de l’année : la cession du futur Nike au fonds souverain norvégien pour 613 M€. Un deal qui intervient huit mois après la vente de l’immeuble de l’Apple Store pour 600 M€.

Lieu de contestation qui vire à l’émeute et à la destruction de symboles pour les uns, mais confirme surtout la peur d’un décrochement économique et social de certains. Terrain d’investissement et de projets pour d’autres, témoin de la soif de création de valeur et d’une confiance maintenue par des investisseurs internationaux. L’avenue des Champs-Élysées est devenue, malgré elle, l’expression de la bipolarisation de la société française qui révèle une fracture économique et territoriale béante.

Le mouvement des gilets jaunes est un peu plus qu’une jacquerie fiscale. Noyauté idéologiquement de l’intérieur, torpillé par les tentatives de récupération politique, désorganisé dans sa représentation, victime collatérale (et parfois consentante) des scènes de violence qui entament son crédit, le mouvement tente de perdurer tant bien que mal avec un 6e acte annoncé ce week-end. Certains y voient la résistance de quelques irréductibles (mais après tout, d’aucuns réduisent encore la France à un pays de gaulois). On peut toutefois s’interroger sur la profondeur du malaise à l’heure où tous les indicateurs macro-économiques sont au vert. Et s’inquiéter non seulement sur les conséquences immédiates qui pénalisent le commerce physique, mais surtout sur la capacité d’un pays à emmener tout le monde sur le chemin (durable) de la croissance.

Le silence assourdissant d’Emmanuel Macron et la non-réponse du gouvernement sonnent comme une immense déception, à la hauteur des ambitions affichées et des espoirs qui ont pu en naître. L’exécutif s’enferme dans une stratégie à court terme, assez classique finalement chez les politiques. Le rôle des acteurs privés, à commencer par ceux de la filière de l’immobilier et de la ville, n’en aura que plus d’importance à l’avenir.

Si les premiers de cordée vont trop vite, deviennent trop arrogants, restent solitaires dans leur effort, c’est tout le groupe qui n’arrivera pas au bivouac. Encore moins au sommet.

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