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Réconciliation

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Réconcilier l’économique et le social ? La question s’invite à l’agenda des entreprises à l’heure où s’expriment de réelles inquiétudes sur leur risque de déclassement économique et social au travers du mouvement des Gilets jaunes.

Le père Bernard Devert, fondateur d’Habitat et Humanisme, rappelait cette semaine à l’occasion de la présentation du premier fonds immobilier « Impact Investing » qu’il est « bon que le monde financier ne perde pas de vue la pauvreté qui l’entoure ». En 30 ans, cet ancien promoteur a logé quelque 30 000 personnes, réussissant à son échelle la formidable mission qu’il s’est donnée de réconcilier l’humain et l’urbain.

Soyons clair. Il ne s’agit pas ici de philanthropie ou d’effets de manche pour se donner bonne conscience, mais d’une question de création de valeur et de son plus juste partage. La longévité du mouvement des Gilets jaunes en France, la diffusion des thèmes populistes un peu partout dans les économies occidentales, sonnent comme une agonie de l’État providence. Les solutions ne sont plus dans les seules mains des politiques. Elles entrent de plain-pied dans la responsabilité des acteurs privés. Aux premiers rangs desquels figurent ceux de l’industrie immobilière et de la fabrique de la ville.

Plusieurs initiatives dévoilées cette semaine viennent en rappeler l’urgence. Le lancement du premier fonds immobilier d’« Impact Investing » par Cedrus Partners et Swiss Life Reim montre non seulement que l’on ne peut plus dissocier les impératifs économiques des enjeux sociaux, mais surtout qu’on peut les associer. Certes, le rendement immédiat est plus modeste, mais rien n’indique que la performance globale sera pénalisée sur la durée.

La même semaine, le Medef annonce un vaste plan d’investissement pour relancer le 1 % logement. Une initiative patronale, faut-il le rappeler, cogérée avec les syndicats, dont l’État n’a eu de cesse de vouloir en siphonner les caisses. Réorganisés autour d’Action logement, les partenaires sociaux vont injecter 9 Mds€ supplémentaires pour aider à loger les salariés "modestes" qui viennent s’ajouter aux 15 Mds€ appelés à être déployés d’ici 2022.

Dernier signe que la question sociale s’invite dans les stratégies des investisseurs institutionnels : la levée record de 900 M€ d’Ampère Gestion pour le compte de son deuxième fonds dédié au logement intermédiaire afin de produire 11 000 logements.

Ces initiatives montrent que la finance n’est plus tant l’ennemi d’hier que l’une des solutions d’aujourd’hui pour fluidifier un parcours résidentiel bloqué chez de trop nombreux concitoyens. Il y a urgence chez les uns et nécessité pour tout le monde tant la hausse des prix de l’immobilier est devenue le symbole, voire l’accélérateur des fractures sociales et territoriales.

Les conditions de réussite passent par une conviction des investisseurs et des entreprises sur l’intérêt de lier impératifs économiques et enjeux sociaux et sociétaux, doublé d’un engagement franc et massif de leur part. Elles passent aussi par la fin d’un dialogue de sourd entre une sphère politique qui assimile l’immobilier à la rente pour mieux en faire une vache à lait fiscale et une filière économique qui essaye d’exister à part entière. Une autre forme de réconciliation en quelque sorte.

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