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Une copie vert pâle

Édouard Philippe © D.R.

« Plus personne n'a aujourd'hui le monopole du vert », lance le Premier ministre Édouard Philippe devant l’Assemblée nationale, moins de trois semaines après les résultats des élections européennes. Parmi les sujets abordés : la transition écologique et de l’énergie, dossier sur lequel il se sait très attendu. Son annonce : une remise à plat des dispositifs d’aide à la transition énergétique, « d’une effroyable complexité », et qui « profitent en réalité aux ménages les plus riches ». Le crédit d'impôt de transition énergétique (Cite) laisse place à « une aide plus massive, versée à ceux qui en ont le plus besoin ». Une prime, et non plus un crédit d'impôt.

Si le constat de départ est partagé par tous (78 % des Français sont incapables de citer une aide financière contribuant à mener des travaux de rénovation énergétique*), les moyens proposés, eux, restent discutés. La Capeb, syndicat patronal de l'artisanat du bâtiment, s’inquiète notamment à l’idée que les mesures appliquées soient finalement plus restrictives qu’auparavant. L’organisation rappelle que le Citea a déjà été fortement réduit l’an dernier (de 1,6 Md€ à 800 M€), tout comme le PTZ. Toute réduction supplémentaire serait à son sens inacceptable...

Mais au-delà du contenu de la mesure, c’est surtout le tempo qui pose question. Pour mémoire, l’idée annoncée ici ne date pas d’hier ! Elle était déjà au programme d'un grand plan du précédent ministre de l'Ecologie, Nicolas Hulot, que le gouvernement avait ensuite abandonnée, la jugeant trop « coûteuse et complexe ». Mais finalement, la prime redevient donc d'actualité. À croire qu’une fois de plus, la question de la rénovation du parc immobilier fait perdre le nord aux politiques… Les sept millions de passoires thermiques que compte la France reviennent en effet régulièrement au cœur des débats, mais décrets et lois peinent à éclore. Qui plus est, à obtenir des effets concrets ! Et cette fois encore, ce pourrait être long. Le président d’Effy, groupe de services énergétiques, juge la mesure illusoire et estime qu’elle met en péril la mise en œuvre rapide des objectifs : restructurer un dispositif peut prendre beaucoup de temps… Une lenteur difficile à accepter alors que les défis écologiques sont là, urgents. Et qu’ils réclament un niveau d’exigence élevé, une ligne stratégique claire, une volonté sans faille… et une vision plus globale ! Car quand l’un nous parle de rénovation énergétique, et l’autre de ville-forêt à Paris, qui prend vraiment à bras-le-corps la question de la ville résiliente, durable et vertueuse dans sa globalité ? Qui fait entrer dans ses paramètres la question énergétique mais aussi l’empreinte carbone de la construction et de l’exploitation des bâtiments dans sa globalité, la biodiversité, les évolutions climatiques, les impacts directs et indirects des constructions et rénovation sur leur écosystème ? Côté législatif en tout cas, les avancées ne se bousculent pas. Heureusement, sur le terrain, les professionnels de l’immobilier et de la ville n’attendent pas d’être contraints par la loi pour construire autrement.

 

Source : Étude réalisée par OpinionWay pour Teksial en novembre dernier.