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Le pari coréen

L'actif Lumière dans le 12e arrondissement de Paris. © D.R.

L’un des premiers indicateurs d’attractivité d’une économie se révèle quand les investisseurs internationaux prennent le pas sur les acteurs domestiques. C’est le cas en immobilier d’entreprise où, selon Knight Frank, les investisseurs étrangers représentent 52 % des volumes d’engagement au 1er semestre en France. Une première sur un semestre depuis 2012.

La grande nouveauté, c’est surtout la percée des Sud-Coréens. Elle est aussi rapide qu’impressionnante. L’un des premiers investissements significatifs des Coréens remonte à trois ans, quand Samsung s’offrait la tour So Ouest à Levallois. Depuis, les conglomérats, consortiums et autres fonds de pension coréens ont signé peu ou prou toutes les grandes transactions de la place. À peu près sur le même modèle : quasi exclusivement du bureau. Plutôt des grands gabarits, en hauteur comme la tour Majunga, ou en longueur comme Lumière ou Cristal Park qui fait ressortir des tickets d’investissement assez impressionnants. Des immeubles plutôt de dernière génération, pas forcément neufs, mais généralement situés dans des quartiers d’affaires reconnus. Et surtout, toujours loués. Les Coréens sont des investisseurs core et sont prêts à le payer, au plus grand bonheur des vendeurs qui engrangent de solides plus-values. Quitte à susciter une pointe d’inquiétude chez les acquéreurs potentiels qui voient fondre les taux de capitalisation.

Résultat, en un an, les Coréens auront dépensé quelque 3 Mds€. Ils deviennent sur le 1er semestre les premiers investisseurs internationaux devant les Anglais et Américains. Pourquoi un tel engouement ? Évidemment, l’interminable Brexit déroute les flux de la Grande-Bretagne vers l’Europe continentale. La complexité, l’hétérogénéité, l’atomisation du marché immobilier et les premières inquiétudes sur la croissance freinent les appétits des acteurs pour l’Allemagne. La profondeur et la liquidité du marché tertiaire parisien fait le reste. En y ajoutant une petite pincée de taux favorables pour la zone euro, tous les ingrédients sont réunis pour faire de Paris la nouvelle place forte des investisseurs coréens. En élargissant le spectre, Paris se présente même comme la nouvelle tête de gondole des placements immobiliers des investisseurs asiatiques en Europe, avant même que la promesse du Grand Paris se transforme en réalité économique. La dernière fois que les asiatiques avaient fait leurs emplettes dans la capitale, c’était au début des années 1990. Juste avant une crise. Mais on dit que l’histoire ne se répète jamais. Tout au plus, elle bégaye.

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