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L’escargot

© D.R.

Dans la campagne municipale parisienne, un candidat, Cédric Villani, se veut disruptif dans la méthode. Comment ? En se positionnant comme le dernier maire du petit Paris. Son idée ? Décloisonner et repousser les frontières de la capitale à l’horizon 2030. Si la proposition provoque déjà la stupéfaction, voire le refus catégorique d’édiles actuels, elle mérite pourtant que l’on s’y penche de (très) près. 

Au regard de l’Histoire, son argumentaire se tient. Depuis le XIIe siècle et l’enceinte de Philippe Auguste jusqu’au baron Haussmann en 1859, Paris s’est toujours agrandi par vagues successives en escargot. « Pourquoi a-t-on arrêté il y a 150 ans ce processus alors que dans l’intervalle, nos vies quotidiennes, nos déplacements, nos activités économiques changeaient radicalement ? », s’interroge le postulant au fauteuil de maire de la capitale dans son livre-programme, Le Nouveau Paris

Étendre Paris pourrait répondre à plusieurs défis majeurs. Dans un contexte de métropolisation accélérée de l’économie, il s’agirait d’une part de conserver l’attractivité économique de la région Capitale – tête de gondole la maison France – dans la compétition féroce que se livrent les villes-monde. « Madrid est six fois plus vaste que Paris. Berlin neuf fois, New York 12 fois et Londres 15 fois », rappelle Cédric Villani. Ensuite, la question des mobilités s’impose plus que jamais entre le Paris étriqué d’hier qui explose et celui élargi d’après-demain qui va éclore. Par ailleurs, et surtout, cette nouvelle mouture de Paris pourrait répondre à la crise du logement, véritable bombe à retardement pour le monde politique francilien comme pour les milieux économiques. 

Enfin, pousser les frontières de la capitale aux villes de Neuilly-sur-Seine, de Levallois-Perret ou encore de Saint-Denis ne permettrait-il pas de donner un coup de pied dans la fourmilière du mille-feuille administratif ? Un méli-mélo administratif, qui, au passage, impacte aussi les investisseurs étrangers en quête d’exposition dans le Grand Paris. Mais pour y parvenir, les grands discours incantatoires ne suffiront pas ! Pour véritablement décloisonner la capitale, il serait indispensable de doter les maires d’arrondissements de compétences agrandies. En somme, de partager le pouvoir ! Car, comme le rappelle, un élu parisien, « ces édiles souffrent d’un manque total de prises de décisions dû à la suprématie de la maire centrale. » Reste que le projet « Grand Paris » a été lancé en 2008… mis en application huit ans plus tard… et que le doute plane toujours autour de sa gouvernance. Le sujet fera encore couler beaucoup d’encre avant qu’un tel changement d’échelle ne se produise. Mais après tout, Paris ne s’est pas fait en un jour. De quoi donner raison à Cédric Villani qui, à défaut de l’araignée, adopte la stratégie de l’escargot.

Mots-clés : Municipales 2020