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Par le bureau de Génération Immobilier

Merci l’artiste

En partenariat avec Génération Immobilier

Marc Pietri, Constructa © Thalassa

Chaque génération produit des entrepreneurs d’élite, dans immobilier comme ailleurs. Les Trente Glorieuses ont vu l’essor de Robert de Balkany, qui fonda la Shopping Center Company et, après Parly 2, déclina de nombreux centres commerciaux portant tous le même suffixe. Dans la même veine, Jean-Claude Aaron porta sur les fonts baptismaux la tour Montparnasse après avoir œuvré pour la reconstruction de la France et laissé une empreinte durable dans le secteur de la promotion. Dans les années 1980, Christian Pellerin et Michel Pelège ont animé le secteur, mais la fameuse crise du début des années 1990 ne leur a peut-être pas permis de connaître le même essor, quand, aujourd’hui, Charles Ruggieri et Alain Taravella tiennent la corde pour marquer de leur empreinte le panthéon des entrepreneurs immobiliers. Et Marc Pietri dans tout cela ?

Comme à son habitude, Marc est hors normes. Celui qui vient de nous quitter, celui que nous pleurons n’était jamais là où on l’attendait. Marc, ce n’est pas un notable qui disparaît, c’est un chêne qui s’abat, victime de la tempête d’une vie tumultueuse, des vents incessants de l’ambition raisonnée qui conduisent souvent à flirter avec l’exceptionnel, épuisé par l’aventure comme un fruit trop gorgé de sucre, regardant une dernière fois la mer comme on regarde sa vie, une vie d’amour de l’autre où la proximité dame le pion aux mondanités, ou le centre est à Marseille, le monde des deux côtés de l’Atlantique et le chemin droit devant.

En 30 ans, nous l’avons vu tout faire. Réinventer le mall commercial en Floride, construire un hôtel à New York, traitant avec les puissants syndicats du travail américain comme on tape le carton avec les dockers du port. Lancer la vente à la découpe, créer une des premières structures en France d’asset management, faire des tours à Marseille, développer les grands projets urbains. La liste est longue et peut-être ennuyeuse, car Marc, s’il était un grand chef d’entreprise, était avant tout un « bonhomme », une « grande gueule », quelqu’un que l’on n’oublie pas. Le cinéma et la voile ont Depardieu et de Kersauson, nous avions Marc. Mais ce soir, le projectionniste est en deuil et le vent ne souffle plus.

Marc nous laisse ses faits de gloire, pas ceux auxquels vous pourriez penser, non, ceux, indicibles, granulaires qui ont changé la vie des milliers de personnes qu’il a spontanément aidées. Marc était généreux, avec lui-même, avec ses proches, avec ses voisins, mais aussi avec les autres, ceux dont on lui parlait et dont il prenait soin. Apprécié des puissants, il aidait les plus humbles, combattant à sa façon les discriminations qui le révulsaient.

Pourquoi ces lignes ? Pourquoi ne pas simplement noyer son chagrin dans un verre à sa santé ? Pourquoi ne pas prendre acte, gémir et ensuite espérer que la roue tourne, qu’un autre prendra la relève ? Parce que la raison n’est parfois d’aucune aide et que la perte d’un ami rend profondément triste. Triste au point de penser au poème du pasteur Martin Niemöller.

Quand elle est venue chercher Marc, je n’ai rien dit ; je n’étais pas Marc.
Quand elle viendra me chercher restera-t-il quelqu’un pour protester.

 

  

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